« Un message d’espoir pour le continent africain »

Dr. Mariette EDIMO MBOO, Chargée de Cours Enseignante Permanente à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).

Après  plusieurs  mois des débats  politique et juridique, le peuple  sénégalais a  tranché. Quel  est le message  à retenir ?
Ce scrutin permet de tirer plusieurs leçons. Il s’agit dans un premier temps d’un message d’espoir  pour le continent africain  car malgré  les heurts qui ont précédé cette élection, il s’est finalement déroulé sans incident majeur. Cette élection a démontré par la suite que l’Afrique aspire toujours à la démocratie même si à un moment, le Sénégal a été secoué par la décrédibilisassions de cette démocratie. Cette nouvelle  alternance démocratique et pacifique est l’œuvre de tout le peuple sénégalais. Nous parlons du peuple sénégalais, du Conseil  constitutionnel et des partis politiques de l’opposition sans oublier la société civile. Le peuple sénégalais est descendu dans les rues  de Dakar et d’autres  villes  du pays  pour manifester son mécontentement dès l’annonce par Macky Sall du report de la présidentielle à trois  semaines  de l’échéance, cette information a provoqué  une levée de bouclier  dans un pays  réputé  pour sa  stabilité  démocratique. Le Conseil constitutionnel quant à lui a annulé le décret d’abrogation de convocation du collège électoral et la loi sur le report de l’élection présidentielle du 25 février 2024 puisque selon lui, la décision de reporter cette élection ne reposait sur aucune base légale, le président de la République ne disposant pas de pouvoir de reporter ou d’annuler le scrutin. L’opposition et la partie civile sénégalaise avaient soupçonné le président sortant Macky Sall de vouloir se maintenir au pouvoir après son annonce du report de la présidentielle, ce qui a provoqué l’une des plus graves crises politiques dans le pays depuis l’indépendance. Voilà pourquoi l’opposition politique et plusieurs grandes plateformes de la société civile se sont rassemblées en février 2024 dans le cadre du « Front de la résistance » surnommé « FIPPU » et exigeaient la tenue de la présidentielle avant le 2 avril, date de fin de mandat du président sortant Macky Sall. La démocratie devrait donc être l’affaire de tout le monde.

Quelle analyse faite vous de la victoire de Bassirou Diomaye Faye dès le premier tour dans le contexte politique actuel ?
Le peuple sénégalais avait sans doute soif d’alternance raison pour laquelle dès le premier tour, elle a fait savoir son intention. En effet,  arrivé au pouvoir  en 2012, le président  sénégalais  sortant  Macky Sall  a été  réélu  pour un mandat de 5 ans et du coup, le Sénégal avait changé de visage. Sous le nom de « Bâtisseur »  au regard de son bilan apparemment élogieux, son équipe et lui ont mené des actions allant dans le sens de satisfaire les sénégalais. Par conséquent, ce satisfecit se résume par le sentiment du travail bien fait. Cependant, l’opposition antisystème reproche au président  sortant Sall d’avoir bradé  la souveraineté  économique  du pays  aux étrangers. Le chômage quant à lui est passé de 10,2% en 2012 à environ  20%  en 2024  selon l’ANSD, l’inflation a atteint  en novembre  2022  un sommet  de 14,1% sur  un an,  selon la Banque mondiale. En plus de cela, plusieurs sénégalais se sont sentis trahis  par Macky Sall étant donné que le Sénégal est considéré comme l’une des  démocraties  les plus stables  d’Afrique  de l’ouest , nombreux sont les sénégalais qui se sont indignés de la réputation du Sénégal qui avait été  remise en question puisque ce pays n’avait jusqu’ici jamais connu  le  report  d’élection présidentielle. C’est au regard de tous ces faits que le  peuple sénégalais a tranché  en faveur du nouveau président démocratiquement élu: Son Excellence Bassirou Diomaye  Faye. Agé de 44 ans, son accession  à la magistrature suprême  appelle à une  transformation significative  de la gouvernance  du pays. Comme il l’a lui-même relevé lors de son premier discours prononcé juste après la proclamation des résultats,  il est là pour apporter une cure de jouvence dans la gouvernance du Sénégal à travers  la renégociation des contrats  pétroliers et de pêche et dit  ne pas avoir  peur de  sortir  du Franc CFA, y compris  en allant jusqu’à la création  d’une nouvelle  monnaie  nationale. Cette victoire crée également  une nouvelle  configuration  politique  avec  certainement  de nouvelles  personnalités qui vont arriver  au pouvoir. Lors  ...

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