« L’Etat doit garantir la loi de l’offre et de la demande »

Dr. René Yatcho Nyaben, économiste du développement.

Les prix des bidons d’huile végétale raffinée et du riz ont été revus à la baisse mais dans les marchés, les commerçants ne se sont pas encore arrimés à la nouvelle grille. Comment mettre au même diapason les pouvoirs publics et les opérateurs économiques?
La réduction des prix fait partie d’un train de mesures que le ministre du Commerce prend dans le dessein de lutter contre les effets de l’inflation des produits de consommation courante sur les ménages camerounais. En soit, ces mesures rentrent dans le cadre des pratiques régaliennes qui méritent d’être encouragées. Mais ce qui fait défaut, c’est l’effectivité sur le marché car, les prix n’ont pas bougé depuis lors. Un hiatus semble ainsi exister l’Etat, les distributeurs et autres vendeurs qui s’en tiennent aux anciens prix. Afin de ne pas laisser croire que les décisions de réduction sont davantage politiques qu’économiques, il y a lieu pour l’Etat de se concerter avec les opérateurs économiques avant la prise de tout décret de baisse des cours sur le marché national. Une telle concertation permettrait de déterminer les coûts liés à la production et à la vente et sur cette base, retenir les prix qui garantissent les marges de tous les acteurs. C’est une précaution qu’il faut prendre en amont afin d’éviter les effets d’annonce qui peuvent nuire à la crédibilité des instances gouvernementales.

Régulièrement, les opérateurs économiques brandissent l’argument selon lequel ils ne peuvent pas procéder à une réduction de prix de leurs produits tant que le stock concerné n’est pas épuisé. Comment résoudre l’équation de gestion des stocks sur le marché ?
L’argument tient économiquement. En effet, toute réduction à partir des stocks dont les coûts de revient sont largement supérieurs aux prix de vente est suicidaire pour les opérateurs, de quelque niveau que ce soit. Sans être dans le secret des démarches gouvernementales, l’on peut accepter que toute l’armature décisionnelle de la baisse se soit fondée sur les rotations des produits, c’est-à-dire leur vitesse de sortie des entrepôts et magasins pour la consommation. Seulement, le marché n’est pas un espace neutre fonctionnant selon une éthique respectée par tous. C’est ainsi que des producteurs et vendeurs peuvent profiter de la situation pour tenter de conserver, voire augmenter leur marge bénéficiaire. Il s’agit là d’une pratique observée sur les marchés de l’emploi et que l’on qualifie d’effet d’aubaine. Cela étant, il suffit pour les décideurs de mesurer la vitesse de consommation des produits qui est élevée, au demeurant, pour imposer la limite temporelle de l’application des nouveaux prix. En cette circonstance, l’association des ménages, des producteurs et des distributeurs au respect de la nouvelle grille des prix doit être de mise. Il faut d’ailleurs relever, à ce propos, que la rotation des stocks dans les grandes surfaces peut s’évaluer aisément à partir d’un contrôle des fiches de comptabilité et de livraisons. Un simple calcul de probabilité ferait le reste. Quant aux petits détaillants, il n’y a pas de mesure particulière à prendre les concernant car, à leur niveau, la loi de l’offre et de la demande sur les marchés ramène les équilibres nécessaires. Toutefois, il faut le rappeler une fois de plus : l’équation de la gestion des stocks n’est possible que si les coûts réels de production et de livraison per...

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