« L’insuffisance des ressources est le principal obstacle »

Moussa Ousmanou, Directeur général de l’Agence d’électrification rurale.

Monsieur le Directeur général, on note une grande disparité entre la fourniture en zone urbaine et en zone rurale. Qu’est-ce qui justifie cette situation?
Avant toute chose, qu’il me soit permis de vous signaler que depuis la création de l’Agence d’électrification rurale par la loi N°98/022 du 24 décembre 1998 régissant le secteur de l’électricité, nous n’avons ménagé aucun effort pour améliorer la situation de l’électrification rurale dans notre pays. En dehors de la réalisation de nombreux projets, les dispositions légales et règlementaires font régulièrement l’objet de revue, et c’est sur la base du décret N°2022/110 du 04 mars 2022 portant réorganisation et fonctionnement de l’AER que nous travaillons actuellement. Pour revenir à votre question, cette disparité se justifie sur plusieurs plans. Sur le plan géographique, la zone rurale représente plus de 70% du territoire national, et sa population est plus faible, avec un habitat généralement dispersé, ce qui nécessite des investissements plus coûteux. Sur le plan économique, le pouvoir d’achat est plus faible en milieu rural qu’en milieu urbain. Sur le plan démographique, les zones rurales sont moins peuplées que les zones urbaines, ce qui y rend peu attrayants, les projets d’électrification. Et enfin au niveau technique, les zones rurales sont très éloignées des sources d’énergie, ce qui rend plus coûteux les projets dans ces zones.

Quels sont les différents projets mis en œuvre pour réduire ce gap ?
Actuellement, plusieurs projets sont mis en œuvre. Il y a le projet d’électrification rurale et d’accès à l’électricité dans les zones sous desservies du Cameroun (Perace) qui électrifiera 519 localités des régions sous desservies sur financement de la Banque mondiale et de la Banque européenne d’investissement, d’ici à l’horizon 2027 ; le projet d’électrification rurale de 11 localités par systèmes solaires photovoltaïques avec la société autrichienne Merl Solar Technologies ; la suite du projet d’électrification par système solaire photovoltaïque avec le partenaire chinois Huawei phase 3 pour les 113 localités restantes. On a également l’actualisation du projet PLAN VER par valorisation de l’électrification rurale pour l’agriculture et le développement rural au Cameroun et la maturation en cours de certains projets d’électrification rurale par raccordement aux réseaux ou par production décentralisées d’électricité. 

Quels sont les différents obstacles auxquels vous faites face dans le chantier de l’électrification rurale au Cameroun ?
Le principal obstacle auquel l’AER fait face est l’insuffisance des ressources, face aux multiples défis à relever en zone rurale. Les procédures et la réglementation en vigueur actuellement sont souvent jugées lourdes par certains bailleurs et investisseurs qui, de temps à autres, soit retirent leurs financements, soit se désengagent. D’après le décret N° 2028/4992/PM du 21 juin 2028 fixant les règles régissant le processus de maturation des projets d’investissement public, un certain nombre d’exigences est imposé pour qu’un projet obtienne un visa de maturité du Comité interministériel et du Comité national de la dette publique pour les financements intérieurs. A ce titre, les éléments de maturité (la déclaration d’utilité publique ; l’attestation de disponibilité du site; le décret d’expropriation ou tout autre acte d’acquisition du terrain; le rapport des indemnisations ; le certificat de conformité environnementale ; les devis ; les plans de gestion du projet, les rapports d’analyse des risques; l’avant-projet sommaire ; l’avant-projet détaillé; l’avant-projet d’exécution ) font l’objet systématique de vérification. Compte tenu de ce qui précède, les difficultés inhérentes à la maturation des ...

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