Journée internationale du Travail : les grandes orientations

Dimanche 1er mai prochain, les Camerounais vont célébrer la 136e édition de la Journée internationale du travail. Cette année, c’est sur le thème : « Monde du travail : lutte contre le Covid-19, protection des emplois et productivité » que l’évènement sera commémoré. A quelques jours de ce grand rendez-vous des travailleurs, Grégoire Owona, ministre du Travail et de la Sécurité sociale revient sur le choix du thème, les mouvements d’humeur dans certains secteurs d’activités, mais aussi sur son message de circonstance. 

Monsieur le ministre, pourquoi axer la célébration de la 136e édition de la Journée internationale du Travail sur le thème : « Monde du travail : lutte contre le COVID-19, protection des emplois et productivité » ?
La pandémie à Covid-19 a entrainé d’importantes perturbations dans le monde du travail et même si au plan sanitaire on observe effectivement un net recul, elle n’est pas encore vaincue et n’est pas derrière nous. Nous aurions tort de penser que la pandémie à Covid-19 est derrière nous, car si nous sommes tous d’accord qu’elle ne fait plus la Une de l’actualité, il reste cependant constant que de nouveaux cas de contamination continuent à être enregistrés chaque jour, aussi bien dans la société en général qu’en milieu de travail en particulier. Il s’agit par ailleurs d’une crise dont les conséquences socio-économiques sont encore visibles dans le fonctionnement des entreprises qui, aux côtés du Gouvernement, ont su mettre à profit cette période pour améliorer le dispositif de santé et sécurité en milieu professionnel. Dans tous les cas, dans la perspective d’un monde du travail post Covid-19, il est impératif de faire notre bilan de ce triste épisode, afin d’envisager la relance de la productivité économique. Le thème retenu pour cette 136e édition de la Journée internationale du travail, est un appel à poursuivre la préservation de la santé des travailleurs en général et la lutte contre le Covid-19 en particulier. C’est aussi une interpellation adressée à tous pour la mise en place des mécanismes et cadres appropriés pour garantir de façon durable la productivité.

Au regard de l’actualité récente, relative notamment à différents mouvements d’humeur enregistrés dans certains secteurs, une certaine opinion s’est interrogée sur la plus-value de votre département ministériel dans la résolution de ces crises ?
Conformément au décret présidentiel de 2012 portant organisation du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, le département ministériel dont j’ai la charge assure plusieurs missions régaliennes, parmi lesquelles les activités liées au maintien de la paix sociale ; la prévention des différends collectifs et individuels de travail par le dialogue social ; le suivi du climat social et de la collecte des statistiques y relatives et le suivi du règlement des conflits de travail de portée nationale. J’imagine que votre question fait référence aux secteurs des transports et de l’éducation qui ont récemment fait la Une de l’actualité sociale. En effet, les multiples concertations menées par le MINTSS ont permis de garantir l’apaisement des parties en vue de la recherche, de l’identification et de la mise en œuvre des solutions concertée, agissant ainsi comme catalyseur de la recherche de la paix sociale. L’action gouvernementale est une et solidaire ; les départements ministériels convergent. Il n’y a pas dans une situation de conflits comme celles que vous avez évoquées, la plus-value de tel ou de tel autre, mais chacun joue son rôle et doit le jouer à fond pour les résultats positifs du Gouvernement.

Pensez-vous que ces crises sociales soient le fait d’un profond mal-être des travailleurs ou la résultante d’un manque de dialogue social ?
On ne saurait dire que ces crises soient la résultante d'un profond mal-être des travailleurs car notre pays met tout en œuvre pour garantir la protection des droits des travailleurs. Il ne s’agit pas non plus d’un manque de dialogue social car le gouvernement a toujours prêté une oreille attentive aux différentes revendications des travailleurs à travers les partenaires sociaux, en l'occurrence les organisations syndicales des travailleurs et les organisations professionnelles d’employeurs. Au sein des entreprises, le dialogue social est institué et structuré notamment avec les délégués du personnel et à travers aussi les Comités d’hygiène et de sécurité (CHS) en milieu de travail. Bien plus, dans le cadre de l’inspection du travail de proximité, nous parvenons à anticiper sur les conflits. Toutefois, ces situations n’existent pas seulement dans le monde du travail et par ailleurs, les besoins et les améliorations sont inhérents à toute forme d’activité humaine. Les réponses apportées aux préoccupations peuvent parfois ne pas être satisfaisantes et être à l’origine de quelques mouvements d’humeur ici et là mais c’est toujours à travers le dialogue social, dans la sérénité et en toute responsabilité qu’il faut rechercher les solutions. Par conséquent, les crises sociales ne traduisent pas l’absence de dialogue ou même un profond mal-être, des travailleurs mais effectivement un appel à améliorer nos attitudes en matière de dialogue social et une interpellation à faire mieux pour le bien-être des travailleurs et de leurs familles.

Depuis l’apparition du Covid-19, les questions de l’hygiène, de la santé et de la sécurité en milieu professionnel constituent un challenge pour votre département ministériel. Quels en sont les enjeux au moment où le Cameroun a procédé à la ratification de la Convention N°155 de l’OIT sur la Sécurité et la Santé des travailleurs ?
La survenance du Covid-19 a en effet remis au cœur de l’actualité du monde du travail l’importance des Comités d’hygiène et de sécurité et les questions relatives à la médecine du travail. Mais il faut rappeler que le gouvernement a toujours œuvré en faveur de la consolidation de notre cadre juridico-institutionnel de sécurité et de santé en milieu de travail. Cet axe majeur constitue du reste le cheval de bataille du ministère du Travail et de la Sécurité sociale qui ne ménage aucun effort pour la promotion de la culture de la santé et la sécurité au travail. Et justement, cet enjeu a connu un nouvel élan avec la ratification par notre pays en 2020 de la Convention 155 de l’OIT, qui nous offre l’occasion d’opérer des sauts qualitatifs en la matière. Il est question avec l’apport de cette norme internationale du travail, et le thème de cette 136ème édition de la JIT, de sensibiliser davantage les entreprises et d’intensifier la mobilisation de l’ensemble des acteurs du monde du travail pour l’éclosion d’une véritable culture de prévention et de gestion des risques professionnels car la santé des travailleurs est l’une des priorités dans la promotion du travail décent et un gage de productivité.

La protection des emplois passe nécessairement par la sécurité sociale qui au Cameroun demeure une préoccupation majeure. Qu’est-ce qui est fait pour parvenir à une sécurité sociale effective pour le plus grand nombre ?
Dans son ambition de faire de la sécurité sociale pour tous une réalité, le Cameroun a opté pour un système de sécurité sociale inclusif, à travers un régime obligatoire d’une part et un régime d’assurance volontaire d’autre part. Ainsi, il est prescrit à chaque employeur, d’affilier effectivement ses employés à la CNPS, et de faire des déclarations mensuelles. En outre, les travailleurs, qui sont des ayants droits, ont aujourd’hui la possibilité de vérifier l’effectivité de leurs cotisations sociales. Pour les travailleurs indépendants et/ou du secteur informel concernés par l’assurance volontaire, ils ont également la possibilité de se faire affilier à la CNPS, afin de bénéficier des prestations offertes par cet organisme de sécurité sociale. Je saisis cette occasion pour souligner que l’assurance volontaire s’adresse aux travailleurs indépendants c'est-à-dire ceux des professions libérales comme les avocats, les architectes, ceux du secteur informel comme les moto-taximen, les vendeurs à la sauvette, ceux du monde agricole comme les éleveurs, les agriculteurs, ainsi que les assurés obligatoires ayant perdu leur emploi et même toutes les personnes ayant des capacités contributives âgées d’au moins 14 ans. La cible concernée par l’assurance volontaire représente quasiment 80% de la population active nationale. L’avènement de l’assurance volontaire marque une étape importante dans l’évolution de notre système de sécurité sociale, en ceci qu’elle est la première mesure concrète qui permet à des couches de populations jusque-là exclues, d’avoir accès à une couverture sociale. En somme, le Cameroun progresse en matière de couverture sociale car selon la revue de la Sécurité sociale, réalisée avec l’appui du BIT et la participation des administrations concernées et la CNPS, le taux de couverture est passé de 10% en 2010 à 22,8% en 2018. Tout est mis en œuvre pour garantir la sécurité sociale pour le plus grand nombre, sachant qu’un travailleur bénéficiant d’une couverture sociale est davantage productif. Des réflexions stratégiques se poursuivent par ailleurs au niveau du Gouvernement en vue de l’amélioration de notre système de sécurité sociale qui reste et demeure inclusif.

Comment sont associés les partenaires sociaux aujourd’hui dans cette ambition affichée par les pouvoirs publics de combattre le Covid-19, de préserver les emplois et de garantir la productivité ?
Le gouvernement à travers le ministère du Travail et de la Sécurité sociale anime des concertations permanentes avec les différents partenaires sociaux sur toutes les problématiques qui concernent le monde du travail. Lesdites concertations sont menées dans le cadre des institutions de d...

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie