Réhabilitation de la Sonara : un enjeu vital

L’urgence pour un pays de prendre des mesures fortes en vue d’assurer sa souveraineté énergétique n’est plus à démontrer.

La récente tension sur l’approvisionnement du Cameroun en gasoil est venue nous rappeler combien nous sommes vulnérables lorsque notre consommation intérieure dépend entièrement des importations des produits raffinés. Car celles-ci peuvent subir, à tout moment, les contrecoups des tensions géopolitiques à l’heure d’une deuxième « guerre froide » qui ne dit pas son nom. Quoi qu’il en soit, les difficultés rencontrées par les traders achètant du gasoil en Russie à destination du marché camerounais en sont la parfaite illustration, du moment où des banques occidentales rechignent à leur accorder le crédit nécessaire à cause des sanctions appliquées par les pays soutenant l’Ukraine.

Dans ce contexte, on en vient à se dire que si les unités de production de la Société nationale de raffinage (Sonara) n’avaient pas été mises hors d’usage par un incendie survenu le 31 mai 2019, le Cameroun aurait évité cet épisode qui a paralysé, il y a quelques jours, les activités de production et de transport dans plusieurs secteurs à travers le pays.

Sous ce prisme, l’instruction du président Paul Biya vaut son pesant d’or, lui qui vient de marquer son accord pour la mise en œuvre de l’option de réhabilitation/restructuration de la Sonara proposée par le Comité interministériel dédié à cette question. En autorisant l’exécution de cette approche, le chef de l’Etat a donné une chance à la renaissance de cette entreprise stratégique sous une forme améliorée. Trois axes ont ainsi été retenus : le redémarrage de la raffinerie dans la configuration finale du projet « Sonara 2010 » ; l’accomplissement de toutes les mesures préalables d’accompagnement ; l’exécution de cette option dans le cadre d’un partenariat public/privé. La balle est désormais dans le camp de la direction générale de la Sonara qui doit sans délais exécuter toutes les diligences y afférentes afin que les directives présidentielles soient traduites dans les faits. Autrement dit, il est attendu du management de l’entreprise de rechercher de potentiels partenaires pour exécuter le projet. L’enjeu est vital pour l’économie camerounaise à plus d’un titre.

Primo, il est question de réhabiliter et de reconstruire, en les modernisant, les unités de production détruites lors de l’incendie qui a endommagé une partie des installations de cette raffinerie. Mais, ça ne s’arrêtera pas à ce niveau. Il est surtout attendu la finalisation du projet « Sonara 2010 » qui avait commencé en 2008, mais dont la première phase n’est jusqu’ici pas achevée. L’avantage qu’il y a à conduire à terme cette initiative est qu’elle permettra à la Sonara de mieux traiter le pétrole brut camerounais et de réduire les pertes induites par l’utilisation de l’ancienne infrastructure de raffinage. Autrement dit, en injectant les 250 milliards de F d’investissement à mobiliser, ces pertes seront ramenées de 45 à 7%. L’objectif étant de traiter à moindre coût le pétrole brut produit localement, ce qui permettrait de diminuer considérablement les subventions versées par l’Etat à la Sonara. Les ressources y consacrées pourront ainsi être réorientées vers d’autres domaines de la vie de la Nation qui sont dans le besoin.

Il faut se rappeler que cette raffinerie inaugurée en 1981, est de type « topping reforming », c’est-à-dire simple. L’entreprise a pour mission d’exploiter une raffinerie de pétrole brut pour satisfaire les besoins du marché camerounais en produits finis, tels que le butane, l’essence, le pétrole lampant, le jet fuel, le gasoil, le distillat et le fuel oil. Avant l’incendie de 2019, elle mettait à disposition ces produits sur le marché national, sous-régional et même au-delà. La raffinerie installée à Limbe dans la région du Sud-Ouest a une capacité théorique de production de 2,1 millions de tonnes/an.

Cependant, il faut préciser qu’elle a été conçue au départ pour traiter du brut léger (Arabian Light). Alors que le Cameroun ne produit actuellement que des bruts lourds (Kolé, Lokelé et Ebomè) qui sont commercialisés par la SNH. D’où l’importance des travaux de réhabilitation, d’extension, d’augmentation des capacités de production et de modernisation de cette raffinerie. Lancée en 2010, la modernisation avait été envisagée en deux phases. La première devait permettre de renouveler les équipements, l’outil de production et d’augmenter la capacité de raffinage de 2,1 à 3,5 millions de tonnes/an. La deuxième phase devait consister en l’installation d’un système d’hydrocraquage pour raffiner les pétroles bruts lourds produits au Cameroun. Au terme du projet, la Sonara devra être à même de traiter davantage des bruts lourds, en particulier les pétroles bruts nationaux.

La conduite des unités sera également numérisée, les postes de chargement des camions et navires agrandis et modernisés, indique-t-on. Dans cette perspective, le Comité interministériel dédié, au terme de sa session du 20 avril 2021, a validé la mesure concernant « la réalisation préalable d’une étude technico-économique et financière approfondie de l’option relative à une raffinerie complexe disposant d’une unité d’hydrocraquage, assortie des plans et du design de la nouvelle raffinerie ».

Secundo, le Cameroun n’a pas d’autre ...

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