Eduquons et formons pour l’émergence

Alors que les rentrées scolaire et académique ont respectivement lieu le 5 septembre et le 4 octobre prochains, les préoccupations relatives à la qualité des enseignements refont surface.

Le contexte s’y prête, au moment où le gouvernement s’engage plus que jamais dans le processus de transformation structurelle de notre économie pour apporter localement de la valeur ajoutée à nos matières premières et réduire les importations qui déséquilibrent la balance commerciale chroniquement déficitaire. La question de fond qui se pose dès lors est la suivante : les enseignements dispensés aujourd’hui donnent-ils aux apprenants les armes et les compétences nécessaires pour dompter la nature et transformer leur environnement afin que la politique de l’import-substitution puisse être traduite rapidement dans les faits ? Certains observateurs sont dubitatifs. Ils s’appuient sur plusieurs réalités pour émettre des réserves.

Ils citent la persistance du chômage ou mieux, du sous-emploi des produits de l’enseignement confrontés assez souvent à l’inadéquation de la formation et à l’étroitesse du marché du travail parce que le taux de croissance timide (moins de 5%) ne permet pas de créer suffisamment d’emplois. La ruée vers les quelques milliers d’emplois proposés chaque année par la Fonction publique qui ne peut malheureusement pas embaucher toutes les centaines de milliers de jeunes qui frappent à sa porte en est la conséquence. Sont également évoquées : la faiblesse de l’esprit d’entreprise alors que l’auto-emploi permet de saisir les opportunités qui existent ; une économie dominée par le secteur informel (environ 80%), en particulier la vente des produits neufs ou de seconde main importés d’Occident ou d’Asie ; la prépondérance des établissements d’enseignement général par rapport à ceux dédiés à l’enseignement technique et professionnel.

Sur ce dernier point, une enquête publiée en 2018 par le Centre d’analyse et de recherche sur les politiques économiques et sociales révèle que « sur les dix dernières années, depuis 2010 du moins, le Cameroun compte un élève en enseignement technique contre trois en enseignement général, tous sexes confondus ». Conclusion de l’étude : « Pour un Cameroun émergent en 2035, cette structure doit changer et devrait pouvoir atteindre la parité ». Bien plus, il faut « offrir des enseignements et des formations qui visent et aboutissent à solutionner les problèmes de développement du pays. Pour ce faire, l’option des STI, à savoir, sciences, technologies, ingénierie/innovation est incontournable », tranchent les experts. Si l’économie camerounaise comme celle de la plupart des pays africains reste à ce jour essentiellement extravertie et tributaire des exportations des matières premières, ce qui la rend vulnérable aux fluctuations de la demande et des prix mondiaux des produits de base, c’est en partie lié au faible niveau de transformation et donc, au faible niveau d’appropriation des STI.

Pour y mettre un terme, l’école doit avant tout être un vecteur de progrès parce qu’elle doit avoir pour finalité de satisfaire les demandes sociales. C’est-à-dire, les nombreux besoins dont la satisfaction conditionne la survie et le bien-être de l’Homme : nutrition équilibrée, santé, éducation, habitat/logement de qualité, etc.  

Une autre réponse, affirmative cette fois, peut être apportée à la question de savoir si les enseignements dispensés aujourd’hui préparent les apprenants à être les acteurs de la diversification et de l’industrialisation de l’économie camerounaise, en rapport avec l’objectif d’émergence. Le Pr. Richard Laurent Omgba, directeur du développement de l’enseignement supérieur au Minesup, est au cœur de la politique de professionnalisation en cours. Il déclare que le grand public, ignorant le travail de fond qui se fait déjà, est resté sur de vieux clichés alors que la nomenclature des filières conduisant aux diplômes décernés par l’Office du baccalauréat du Cameroun s’est étoffée.

Au point où, en plus de l’enseignement secondaire général, il y a une offre densifiée au plan des curricula de l’enseignement secondaire des sciences et technologies du tertiaire ainsi que des techniques industrielles : Probatoire de brevet de technicien et Diplôme de brevet de technicien, Brevet d’études professionnelles industrielles, Brevets professionnels industriels, Brevet d’études professionnelles commerciales et Brevet professionnel commercial sont plus nombreux. Mais, fait-il remarquer, « la panoplie est d’une variété effarante mais les candidats ne se bousculent pas ».  

Au niveau de l’enseignement supérieur, la mue est devenue plus profonde, dès que les autorités ont constaté ...

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie