Services, concours et recrutements : la maladie du monnayage

Ces phénomènes, bien que toujours combattus ne faiblissent pas. Bien au contraire, l’arnaque et le rançonnement des usagers au sein de l’administration publique, dans leur versant, monnayage des services se montrent bien résilients ; et les acteurs de ces

Plusieurs noms de code sont attribués à ces pratiques qui sont aussi vieilles que le monde : « gombo », « tchoko », « réseau », « geste », « blé », « enveloppe », « whisky ».  Aucun service n’en est épargné. Des individus se recrutant aussi bien dans l’administration qu’en dehors, promettent, contre des espèces sonnantes et trébuchantes, l’accès dans les grandes écoles ou dans la fonction publique aux jeunes Camerounais en quête d’emploi. Leurs victimes se comptent par milliers. Ces pratiques sont devenues tellement addictives que ni leurs acteurs, leurs victimes ne cèdent au découragement.

Il y a quelques semaines, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative a fait une sortie pour dénoncer l’arnaque qui se tissait autour de l’opération spéciale de contractualisation décidée par le président de la République en 2019. Dans une note d’information publiée le 9 août 2022, Joseph LE souligne que « des individus de mauvais aloi se faisant passer pour ses collaborateurs, arnaquent les familles à qui ils promettent des recrutements, en qualité de contractuels d’administration dans la fonction publique ».  « Selon des informations dignes de foi en cours d’exploitation, plusieurs familles auraient ainsi fait les frais de ces malfaiteurs qui continuent malheureusement leur ignoble besogne, au mépris des règles d’éthique et déontologie administrative et s’exposent ainsi aux poursuites pénales pour corruption, escroquerie et abus de confiance », poursuit-il.

Le membre du gouvernement invite les populations à dénoncer les auteurs et complices de ces agissements auprès de la cellule de lutte contre la corruption de son département ministériel.  Cette mise en garde du patron de la Fonction publique ne semble guère freiner l’ardeur des arnaqueurs qui ont développé une ribambelle de stratégies pour appâter et spolier leurs victimes. Des communiqués et alertes similaires sont régulièrement publiés par d’autres membres du gouvernement et autres directeurs généraux d’établissements et entreprises publics pour les mêmes raisons. Même la sanction la plus extrême, la révocation, ne semble pas dissuader les arnaqueurs. Dans l’édition spéciale du « Temps des Opportunités » du mois d’août 2022, le président de la République a, à travers deux arrêtés, révoqué un gardien de la paix principal et infligé un abaissement de grade à un inspecteur de police de deuxième grade pour, respectivement, « extorsion de fonds à un tiers en vue de faciliter l’admission de son cousin au concours de la police » et « extorsion de fonds à un usager en vue de faciliter son admission au concours de l’Enam ».

Les arnaqueurs ont investi toute la chaîne administrative partant de l’accès aux grandes écoles en passant par les concours administratifs jusqu’au circuit des affectations en passant par les prises en solde des nouveaux agents publics, les avancements et les nominations. L’arnaque et le monnayage des services sont devenus tellement banals aujourd’hui que « la mercuriale » pour l’accès dans certaines grandes écoles ou dans un établissement d’enseignement secondaire est connue dans certains milieux. Il en est de même pour les fameux « 10% », « 20% » ou « 30% » qui sont exigés à certains usagers pour le paiement de leurs rappels ou de leurs factures. L’avènement de la téléphonie mobile est venu faciliter la tâche à certains « racketeurs » impliqués dans la chaîne de traitement des dossiers.

Ainsi, l’usager dont la demande de mutation, ou le dossier d’avancement ou encore de rappel en mémoire se trouve dans le circuit administratif, reçoit un coup de fil lui demandant de « motiver » ou de « mouiller la barbe » pour faire avancer son dossier. Malgré la digitalisation tous azimuts de certaines procédures comme c’est le cas au ministère en charge de la Fonction publique et dans l’administration fiscale, les arnaqueurs développent des résistances. A l’observation, ce qui se passe aujourd’hui déborde largement les limites du phénomène de simple corruption. Dans la vie courante, le fonctionnaire ou l’agent public ne s’attend pas passivement à recevoir un quelconque don en contrepartie d’un service qu’il rend. Il exige au préalable, avant qu’il n’agisse ou ne s’abstienne d’agir, qu’un « geste » soit accompli en sa faveur par le demandeur du service. 

Chaque année, la Commission nationale anti-corruption dresse un rapport sur l’état de la corruption dans le pays. Dans ce volumineux document qui n’impressionne plus grand monde, les régies financières, les services des domaines et du cadastre, les transports, les con...

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