Il s’appelait Amadou Ali

L’ancien vice-Premier ministre et chef de la délégation du Cameroun au sein de la Commission mixte chargée de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) sur le différend frontalier Cameroun-Nigeria est mort avant-hier à 79 ans.

S a dernière sortie publique au Cameroun a eu lieu en novembre 2021. Bien que déjà marqué par la maladie, Amadou Ali avait pris part à toutes les étapes des travaux de la 33e session de la Commission mixte chargée de la mise en œuvre de l’arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) du 10 octobre 2002 sur le différend frontalier entre le Cameroun et le Nigeria. Des travaux qui avaient pour cadre l’hôtel Hilton de Yaoundé. Dans un discours aux relents d’adieu, celui qui était encore le chef de la délégation camerounaise au sein de cette Commission, avait longuement évoqué ce que serait la relation entre le Cameroun et le Nigeria dans un avenir où il ne se voyait pas, « deux pays frères où j’ai des parents des deux côtés de la frontière et qui sont appelés à vivre ensemble », avait-il alors relevé, comme pour décrier ce tracé de la frontière qui n’avait pas fait que des heureux. Depuis lors, celui qui a quitté ses fonctions gouvernementales le 4 janvier 2019, mais avait continué de bénéficier de la haute confiance du président de la République comme représentant du Cameroun au sein de la Commission mixte entre le Cameroun et le Nigeria, n’était plus apparu en public, depuis avril dernier, lorsqu’il est allé remettre un pli fermé du chef de l’Etat au président du Conseil militaire de transition du Tchad, le général Mahamat Idriss Deby Itno. Avant de devenir chef de la délégation du Cameroun dans la cadre de la mise en œuvre de l’arrêt évoqué plus haut, Amadou Ali, lorsqu’il est nommé ministre d’Etat, ministre de la Justice, garde des Sceaux le 27 avril 2001, était agent principal du Cameroun dans le cadre du dossier qui est alors pendant devant la Cour internationale de justice de la Haye aux Pays-Bas, jusqu’à la décision rendue publique le 10 octobre 2002.

Il n’a plus dès lors quitté le « dossier Bakassi » jusqu’à son décès survenu avant-hier des suites de maladie. C’est ainsi que des phases comme l’Accord de Greentree du 12 juin 2006 ou alors le transfert définitif d’autorité le 14 août 2008, voire les multiples rencontres de Saint-Cloud en France ou Genève en Suisse, auxquelles prenaient part le président de la République, Paul Biya, ne lui étaient pas étrangères. En tant que garde des Sceaux, il a également occupé la fonction de vice-président du Conseil supérieur de la magistrature et depuis le 29 mai 2019, membre suppléant de cette instance. Son action dans le cadre du règlement pacifique du conflit frontalier entre le Cameroun et le Nigeria n’est qu’une facette de l’immense carrière de ce haut commis de l’Etat qui a vu le jour en 1943 dans la petite localité de Kolofata, département du MayoSava dans la région de l’ExtrêmeNord. Administrateur civil principal, major de sa promotion à l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam) en 1971, le parcours d’Amadou Ali est des plus envieux au sein de la haute administration publique camerounaise qu’il a intégrée en 1961. Adjoint d’arrondissement et sous-préfet avant de rejoindre l’Institut international d’administration publique de Paris et l’Enam. Premier adjoint préfectoral de Ngaoundéré dès sa sortie de l’Enam, directeur de l’Organisation du territoire en 1972, secrétaire général du ministère de la Fonction publique en janvier 1974. En janvier 1982, il est promu délégué général au Tourisme, avant de devenir délégué général à la gendarmerie...

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