Monnaie : alerte aux faux billets

Des coupures de 2000 F, 5000 F et 10.000 F issues de la gamme 2020, falsifiées, sont de plus en plus en circulation et font des victimes au sein des populations.

Bernard Badang, boutiquier au quartier Elig-Essono à Yaoundé, avait presque perdu son latin en fin de semaine dernière. Il venait en effet de recevoir d’un client parti précipitamment, une coupure de billet de 2000 F de la gamme 2020 mise en circulation en décembre dernier. Mais, plutôt que de se réjouir de l’opération qu’il venait d’effectuer, il s’est lancé dans un monologue, débitant des paroles à peine audibles. « Il m’a eu ce malhonnête. Comment n’ai-je pas pu m’en rendre compte. Que vais-je faire avec un faux billet ? », susurrait-il. Attentif à l’attitude de Bernard, Léonard E, son voisin menuisier, va se rapprocher de lui, question d’en savoir plus. « Mon frère, laisse-moi comme ça. J’ai reçu un client qui a fait des achats pour 2000 F. Je n’ai pas réalisé à l’instant que le billet qu’il m’a remis est un faux. Je viens de le constater », confie, abattu, ce boutiquier. Sur le caractère faux de ce billet, Bernard renseigne qu’il était léger, ne portant aucun signe de sécurité. Comme Bernard, ils sont de plus en plus nombreux, ces Camerounais qui se retrouvent avec de fausses coupures entre leurs mains. 
Gaston Tchinda, tenancier d’un call box, a aussi fait l’amère expérience d’empocher, sans le savoir, un paquet de faux billets. « J’ai un client qui est venu me faire un dépôt de 300.000 F en coupures de 2000 F. Sur le coup, je n’ai pas pris la peine de vérifier, étant donné que j’avais d’autres clients devant moi. Une fois rendu à la maison le soir, je me suis mis à compter cet argent pour noter qu’il y avait de faux billets dans les liasses », raconte-t-il. Gaston ajoute que ces fausses coupures sont reconnaissables au toucher. « Elles sont légères quand on les touche, contrairement aux bons billets qui sont plus durs », explique-t-il. Grégoire Essamba, chef de famille, n’avait que ses yeux pour pleurer à la descente d’un taxi samedi dernier. Après avoir été déposé au lieu-dit Amadou vers Ekié, il s’est retrouvé avec un faux billet de 5000 F. « Il m’a simplement fallu regarder ce billet de près pour constater que sa couleur était différente des autres. Il était plus blanchi », lance-t-il, la mine grave. 
Le phénomène prend de l’ampleur à travers le pays. Le 24 avril dernier, c’est le sous-préfet de Pitoa, localité située dans le département de la Bénoué, région du Nord, qui sonnait l’alerte. En effet, dans un communiqué radio, Joseph Densou portait à la connaissance des populations de son unité administrative qu’un vaste réseau de faux billets a été démantelé grâce à la collaboration des autorités locales. Sans pour autant indiqué le montant. Il s’agissait précisément des coupures de 10.000 F (série no 01776324B5) et de 5000 F (série no02059119A1). Ces billets, souligne le sous-préfet, étaient en circulation dans les marchés. L’administrateur civil principal a saisi cette occasion pour demander aux populations de « faire preuve de vigilance au quotidien lors de leurs transactions financières », tout en les invitant à dénoncer auprès des autorités publiques toute personne impliquée dans un tel réseau. 

Comment reconnaître les bons billets

S’il est un aspect que les responsables de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (Beac) ont pris en compte dans la production de la nouvelle gamme de billets, c’est bien la sécurité. Les détails des signes distinctifs de ces coupures avaient été communiqués par les autorités de la branche nationale de la Beac, au cours d’u...

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