Œcuménisme et dialogue interreligieux: le regard du cardinal Dieudonné Nzapalainga

La onzième assemblée plénière de l’association des conférences épiscopales de la région d’Afrique centrale (Acerac) qui s’est ouverte le 8 juillet dernier à Yaoundé a clôturé ses travaux dimanche par une messe pontificale célébrée à la Basilique Marie Reine des apôtres. Le conclave portait sur « L’œcuménisme et le dialogue interreligieux en Afrique centrale ». Les réflexions, construites autour de cette thématique, étaient riches et variées. Prélats et universitaires ont livré des communications sur : « L’islam en Afrique centrale aujourd’hui », « Les religions traditionnelles africaines dans le champ du dialogue-interreligieux », « Christianisme, islam et politique », « Dialogue entre église catholique et différents courants islamiques en Afrique ». Les différentes conférences épiscopales ont échangé leurs expériences locales sur le sujet principal et ont formulé des orientations pastorales dans une société plurielle. Le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui, le plus jeune des cardinaux de la sous-région s’est confié à Cameroon Tribune à l’issue de l’assemblée plénière de Yaoundé.

 

Le cardinal Dieudonné Nzapalainga: « Ni dans le Coran, ni dans la Bible, il n’est recommandé de tuer »

Archevêque de Bangui, République centrafricaine.

 

Quelles leçons tirez-vous de cette semaine de conclave des évêques de l’Afrique centrale sur le dialogue interreligieux ?

Nous sommes venus de plusieurs pays et nous nous sommes retrouvés entre nous évêques pour partager nos différentes expériences. La première leçon, c’est donc la fraternité retrouvée. C’est la fraternité retrouvée aussi avec les confessions religieuses sœurs. Les protestants ont pris part aux travaux et ont donné leurs avis sur les questions soulevées : l’œcuménisme et le dialogue interreligieux. Cheik Djibril Oumarou était là avec sa délégation pour le compte des musulmans. Je dois préciser que la chorale musulmane a activement participé aux travaux  et nous a permis de découvrir des airs religieux nouveaux. Tout cela a fixé les bases solides du dialogue interreligieux que nous appelons de tous nos vœux. Les acteurs de ce dialogue ce sont les femmes et les hommes qui se mettent ensemble et ouvrent leur cœur les uns aux autres. A travers les échanges, les engagements se prennent, les responsabilités s’assument, la vie se déroule normalement. Après une semaine, et avec les prières de tous et de chacun, nous voyons que la graine semée portera des bons fruits.

L’Afrique centrale et d’autres régions du monde font face à l’émergence de nouvelles idéologies religieuses extrémistes et violentes. Comment l’Eglise catholique appréhende-t-elle ce phénomène ?

Tout homme que Dieu a créé, il l’a fait pour la vie. Celui qui tue ne peut pas justifier son acte par la religion. Ni dans le Coran, ni dans la Bible, il n’est recommandé de tuer. C’est par ignorance et par fanatisme qu’on tue. Humainement, on devrait plutôt respecter la vie. A tous ceux qui tuent par extrémisme et par fanatisme, nous disons que c’est une erreur. Car l’homme est créé à l’image de Dieu. Dans la Bible comme dans le Coran, Adam est notre ancêtre commun et Abraham est notre père dans la foi. Nous devons donc tous nous reconnaître comme enfants d’un même père. Nos voies sont différentes, c’est normal, c’est humain. Dans une famille de plusieurs enfants, chacun a son caractère et son parcours, on le prend tel qu’il est. Par contre, on ne doit pas obliger tout le monde à penser de la même manière, à prier ou prêcher de la même manière. Ici, nous prônons plutôt la diversité et non l’unicité. Et l’unité dans la diversité respectera la différence que nous voulons cultiver.

En RCA, comme dans d’autres pays africains où les conflits interreligieux sont patents, quelle chance a-t-on pour que la graine de la tolérance semée à Yaoundé tombe sur des terres fertiles ?

En RCA, le leader des protestants, celui des musulmans, et moi-même (représentant les catholiques, ndlr), nous nous sommes mis ensemble pour travailler dans la recherche de la paix entre les communautés religieuses. Nous disons que dans la religion, il est interdit de tuer. Le mot « Religion » vient du latin « Relitare » qui veut dire relier. Cela nous impose à taire les différends qui nous ont divisés par le passé. Nous sommes engagés à rassembler ce qui peut nous unir. Chacun a une culture, une Bible...

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