Rapport d'Amnesty International sur le Cameroun : Ubuesque

Qu’apporterait-on de plus en continuant de noircir du papier sur le dernier rapport indécent d’Amnesty International sur le Cameroun, après la vague de protestation qui secoue toutes les couches de la population suite à cette publication ? Pas grand-chose. Néanmoins, une voix indignée de plus, comme de nombreuses autres qui continuent à exprimer leur écœurement, est un message fort que les auteurs de ce rapport et leurs promoteurs sauront, espérons-le, décoder : les Camerounais sont blessés, touchés au cœur, et non pas à l’orgueil. Ils sont excédés de tant d’iniquité et d’outrances langagières, répétées d’année en année, prétendument pour décrire les exactions dont ils accablent l’armée nationale, mais en réalité destinées à décrédibiliser cette armée et disqualifier ses multiples efforts et sacrifices au service de la nation sous la menace de Boko Haram.

Ainsi donc, à en croire Amnesty, le harcèlement et la torture des populations camerounaises seraient devenus le jeu favori des militaires engagés au front, activité que le gouvernement juge manifestement très productive, puisqu’il vide complaisamment les écoles de la région de l’Extrême-Nord pour créer de nouveaux terrains de jeu à ses soldats, au mépris du droit à l’éducation de ses propres enfants. Tout cela sous le regard complaisant des forces américaines et françaises qui devraient, selon Amnesty International, rappeler à l’ordre ces malappris, mais qui s’en abstiennent, sans doute avec la même délectation gênée qu’on éprouve à la vue d’un spectacle sado masochiste… De grâce, arrêtez ! N’en jetez plus ! Tout cela est d’une  risible inanité. Et tout ce qui est excessif est comme on le sait, dérisoire. Pour bien marquer le caractère aberrant de ce rapport, on peut l’examiner sous les angles de la méthode et de la légitimité.

La méthode peut en effet paraître curieuse : s’agit-il de braquer les projecteurs sur l’armée camerounaise en espérant capter une inévitable bavure, appuyer quelques témoignages ou d’aller scruter l’état des populations civiles étouffées depuis trois ans sous les incursions terroristes, victimes de vols, viols, pillages, assassinats, pyromanie ? Près de 2000 Camerounais sont morts en effet sous les coups de boutoir de Boko Haram, alors que l’activité économique s’étiolait, que les écoles et les villages se vidaient, qu’une région entière agonisait. L’enquête n’aurait-elle pas dû concerner ainsi le sort des soldats camerounais eux-mêmes, dont plus de 300 ont payé de leur vie ce combat sauvage et inégal ? Mais non, Amnesty s’est employé à compter avec une rare conscience et application les coups reçus par Boko Haram, et comble d’étonnement, ceux qu’auraient reçu les populations camerounaises, malmenées, selon elle, par ceux qui étaient censés les protéger. Devant une telle partialité, le gouvernement camerounais s’étrangle, en constatant que le bourreau est devenu la victime.

Que dire de la légitimité d’Amnesty International dans cette mission de lanceur d’alerte qu’elle s’est donnée depuis plus de 50 ans ? D’abord qu’elle ne souffre d’aucune contestation, dans un monde où règne le pluralisme d’idées, d’action, et de positionnement. Mais dans notre univers si foisonnant, les associations, si puissantes soient-elles, ne peuvent se targuer du monopole de la vérité. De plus, le Cameroun a ses propres lanceurs d’alerte, en l’occurrence les armées étrangères sur le même terrain et, des fonctionnaires des Nations unies dûment mandatés, n’ont pas fait les mêmes constats qu’Amnesty, ce qui devrait susciter plus de modestie de la part de l’Association. A fortiori, lorsque la contestation vient de l’intérieur de l’Association elle-même… Un essai publié en 2011 par Marc Girot, qui a claqué la porte d’Amnesty depuis lors, permet d’entretenir un doute raisonnable sur la crédibilité d’Amnesty et donc, sur la pertinence de ses rapports. « Amnesty international. Enquête sur une ONG génétiquement modifiée », c’est le titre de cet ouvrage décapant, qui témoigne du désarroi des bénévoles, dont certains ont quitté le navire, faute de se reconnaître dans la nouvelle s...

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