Atta, ce havre de paix

Le petit village frontalier logé au pied des montagnes, est un symbole d’intégration, de cohabitation pacifique et de tolérance religieuse

 

Pas très facile de situer Atta sur une carte du Cameroun. Et pourtant, ce village situé aux confins de l’arrondissement de Bankim, département du Mayo-Banyo, région de l’Adamaoua, est un bled comme les autres.  Les images du drapeau camerounais qui flotte au vent devant la chefferie, quelques belles bâtisses, le domaine de la mission catholique qui s’étend à perte de vue ou encore le temple de l’église protestante, entre autres, sont les images qui dominent le décor de verdure. Les scènes de la vie quotidienne retiennent aussi l’attention. Là, les jeunes jouent au songho. Plus loin, les femmes vendent les vivres à la place du village. Pour arriver à Atta en partant de Bankim, il faut traverser Nyamboya, Tchamba, Songkolong, les villages les plus peuplés du coin. Le visiteur parcourt 70 Km environ au départ de Bankim après un trajet de plus de 600 Km entre Nagoundéré et Bankim. Il traverse les villes de Nyambaka, Meiganga, Ngaoundal, Tibati, Banyo, Mayo-Darlé.  Les villes de Kumbo et de Nkambé dans le Nord-Ouest, se trouvent à une centaine de kilomètres de là. Beaucoup de ressortissants de cette région vivent d’ailleurs dans la zone.  Atta n’est donc pas la porte d’à côté. Si on ajoute à la longueur du trajet les aléas du voyage qui commencent véritablement après la falaise de Yimbere, après Mayo-Darlé, l’expédition prend un air exotique. 
Quatre jeunes français venant de Strasbourg, séjournent en ce moment à Atta. Ils vivent une belle aventure humaine de ce côté-là. Ils sont arrivés à Atta pour animer une formation destinée aux femmes. Tibaut Espla et ses camarades sont venus apprendre aux femmes du village à fabriquer le savon. Logés à la mission catholique, chez le père Joseph Memeh, curé de la paroisse catholique Saint Joseph Mukassa, ils agissent sous le couvert de l’association Lifetime Projects. Grand carrefour, Atta est l’un des derniers grands villages camerounais situés à la frontière avec le Nigeria. C’est d’ailleurs dans ce centre que sont construits le poste de Douanes que dirige Hans Anyakem et le poste de gendarmerie situé juste en face. Le poste de la Sûreté nationale, lui, est logé à Songkolong, un peu plus à l’intérieur. Mais les éléments de Cédrick Tchuisseu Tchuidjam, chef de poste par intérim de la Sûreté nationale, restent postés à Sa’a, principale voie d’entrée et de sortie.  L’activité économique est dominée par l’élevage, l’agriculture, la vente du « Zoua-Zoua », le carburant frelaté en provenance du Nigeria et le transport. Une agence d’un établissement de transfert d’argent est implantée à Songkolong. Les services publics de L’Etat fonctionnent et offrent des prestations de qualité aux populations. A Atta et ses environs, les résultats scolaires épousent les tendances sur le plan national. L’école primaire protestante de Djang-Tong, un village voisin, a enregistré un taux de réussite de 90% au CEP. L’école primaire de la mission catholique d’Atta, affiche quant à elle un taux de réussite de 100% au CEP. 24 élèves reçus sur 24 présentés. Dans le secondaire, 3 candidats du lycée de Songkolong sur 14 présentés ont obtenu leur baccalauréat.  Si la localité est bien couverte en établissements scolaires et sanitaires, les voies de communication terrestre, les routes, elles, restent la principale préoccupation.
 

 

Justin Mounchili: « De nombreux refugiés retournent volontairement chez eux »

Sous-préfet de Bankim

Monsieur le sous-préfet, que s’est-il passé à Atta ?
Je prends fonction le 19 juin 2017. Le 20 juin en soirée, je reçois l’information selon laquelle les éleveurs mbororos entrent dans l’unité par Atta. Le 21 juin, n’ayant pas encore de véhicule de fonction, je mobilise mon état-major pour aller m’enquérir de la situation. Une fois sur le terrain, nous constatons effectivement que des réfugiés nigérians, éleveurs mbororos notamment, affluent à Atta. Nous nous sommes rendus jusqu’au sommet des montagnes à bord d’une dizaine de motos robustes réquisitionnées, à la frontière avec le Nigeria, pour apprécier la situation. Les voitures ne vont pas de ce côté-là. La zone est très enclavée. Nous avons pu néanmoins calmer la situation. On a d’abord mis à l’abri tous les réfugiés qui cherchaient asile et qui se trouvaient à la frontière. Nous avons eu des pourparlers avec des autorités traditionnelles nigérianes. Comme c’est la période des vacances scolaires, on a logé les réfugiés dans les écoles primaires, privé...

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