Claude Abé : « Ce qui est en question, c’est son usage »

Sociologue politiste, professeur des universités.

« La discipline du parti renvoie à l’idée que l’appartenance à une formation politique a un sens puisqu’elle est productrice de sens dans la conduite attendue des membres de cette organisation. Il intègre un certain nombre de devoirs en même temps qu’il génère des droits. Chaque fois qu’on évoque cependant le principe qui incline au respect scrupuleux des règles du jeu qui font du parti un collectif et rendent possible une action concertée de ce collectif, il y a tout de suite une question qui vient à l’idée : la discipline du parti est-elle démocratique ou alors c’est une manière de décourager à l’avance toute velléité d’équation personnelle dans un cadre qui se veut pourtant ouvert à l’émulation ?

Qu’on se le dise d’entrée de jeu pour évacuer toute incompréhension éventuelle. Ce qui est en question ce n’est pas le principe lui-même mais son usage pour torpiller la liberté d’entreprendre au sein du parti qui est, elle, garantie par tout modèle démocratique dans le monde. Ce qui signifie donc que ce n’est pas le principe en soi qui est mauvais car c’est lui qui permet de constater que l’on est en présence d’une formation politique structurée et qui repose sur un dispositif de régulation rationnelle. Ramenée, à contrario, à l’intérieur du...