Organisation de la CAN 2019: du harcèlement dans l’air

Y a-t-il, déjà couché dans un agenda caché, le projet de retrait de l’organisation au Cameroun ? Les faits sont troublants. Le débat fait rage

 

Si le président de la Confédération africaine de football (CAF) a déjà prévu de retirer au Cameroun l’organisation de la Coupe d’Afrique des Nations de football 2019, ce serait honnête qu’il le dise clairement. Voilà, résumée, une partie de l’opinion au Cameroun et même au-delà, dans ce qui s’apparente depuis quelques semaines à un véritable feuilleton, avec ses rebondissements successifs. La dernière sortie médiatique du président de la CAF, Ahmad Ahmad, de passage le week-end dernier au Burkina Faso est venue en remettre une couche, dans ce qui ressemble à un projet bien pensé de mise sous pression du pays désigné pour abriter la 32e CAN.
Mise sous pression, c’est bien le moins qu’on puisse dire. Parce que la décence et la courtoisie qui font visiblement défaut à la CAF, nous interdisent à nous, d’en dire plus pour le moment. Mais ce qui est visible, c’est que la hiérarchie de la Confédération ne se gêne pas, depuis quelque temps, pour agiter le spectre d’une disqualification du Cameroun comme pays organisateur. Dans un premier temps, osons espérer que c’est dans l’intention de faire accélérer les préparatifs. Notons qu’entre-temps, le pays s’est retrouvé confronté à un défi sécuritaire de la trempe du terrorisme de Boko Haram, avec tout ce que cela coûte. Un pays qui sur le plan économique doit en même temps faire face aux effets de la chute brutale des cours des matières premières et maintenir son équilibre budgétaire ?  Dans ce cas de figure, la CAF serait quand même dans son rôle, en s’assurant que le bon rythme va être imprimé aux préparatifs. Seulement, cette vision somme toute positive, a du mal à résister à l’épreuve des faits.
Samedi à Ouagadougou, Ahmad Ahmad n’a pas usé de figures de style. Bien au contraire, le propos était (volontairement ?) acerbe, excessif, voire injurieux. « Au jour d’aujourd’hui, je peux vous confirmer avec le standard, le cahier des charges qui est mis en place aujourd’hui, aucun site au Cameroun n’est disposé à accueillir la CAN ». Et plus loin : « … même une CAN à quatre équipes, le Cameroun n’est pas prêt ». Alors, question : avec autant de certitude, pourquoi se donner la peine d’envoyer la mission d’experts que le président annonce pour la fin du mois ? Un cabinet d’audit « de renommée, accepté par tout le monde », mais qui a peut-être déjà sa feuille de mission ? La logique est clairement celle d’une inexplicable défiance : « Vous avez entendu les déclarations des autorités politiques camerounaises qui nous annoncent qu’ils sont prêts pour ça. Pour nous, c’est simplement envoyer une délégation pour inspection et prendre acte. »
Avant ces derniers événements, c’est le processus même de la réforme de la Coupe d’Afrique des nations il y a quelques semaines, qui avait déjà suscité des interrogations, voire une mini-polémique. Notamment en raison d’une obsession de la CAF à vouloir à tout prix mettre en application immédiatement les nouvelles dispositions qui jusqu’aujourd’hui sont loin de faire l’unanimité. Le gouvernement camerounais a pourtant choisi de ne pas s’y attarder outre mesure. Mais de se réajuster pour respecter son engagement : organiser avec succès la coupe d’Afrique des Nations 2019, même si le cahier des charges a été modifié en cours de route, entraînant de nouveaux investissements lourds. Désigné pour accueillir une CAN à 16 équipes, le Cameroun a, en toute responsabilité, consenti à s’adapter au changement brusque et pressant et organiser la CAN à 24. Aujourd’hui, il est pourtant traité sans égard, affublé d’une présomption d’incapacité qui frôle l’ingratitude. Deux ans avant le rendez-vous ! Le feuilleton est en tout cas loin d’être terminé. On attend la suite.

 

Réactions

 

 Roger Milla: « Il n’y a pas à douter »

Ancien international camerounais

« Le Cameroun a déjà relevé le défi d’organiser la CAN féminine 2016. Et tout le monde a vu qu’elle a été un grand succès. Du jamais vu dans l’histoire de la compétition. Donc, je ne suis pas inquiet en ce qui concerne l’organisation de la CAN 2019. Il n’y a pas à douter. Le Cameroun va organiser la compétition. Le pays possède déjà tout ce qu’il faut pour jouer au football. Il faudra accélérer les travaux et s’ajuster en ce qui concerne les routes et les hôtels. Quant aux stades, ils seront prêts. Les délais étaient très justes en janvier. Mais à présent que la compétition va se jouer au mois de juin, il n’y a pas d’inquiétude à avoir. Tout le monde a le droit de critiquer. Chacun sait pourquoi il le fait. Les gens peuvent dire ce qu’ils veulent. Quant aux critiques à l’encontre du Cameroun au sujet de sa capacité à organiser la CAN 2019, ce n’est pas cela qui va empêcher l’Etat d’avancer. »

 

 Rigobert Song: « Nous ne sommes pas des gens à déstabiliser »

Ancien capitaine des Lions indomptables

« Malgré la situation que nous connaissons en ce moment, je suis optimiste. Si le Cameroun a pris la responsabilité d’organiser cette CAN, c’est qu’il peut le faire. On doit le faire. Il y a eu les propos du président de la CAF, mais le Cameroun sait faire face à des situations difficiles, et sait faire la différence. Nous avons besoin de cette CAN, et je crois que tout le peuple est mobilisé à cette fin. L’Etat du Cameroun est en train de prendre toutes les dispositions afin que tout se passe bien. Le gouvernement, le ministère des Sports, et la Fédération camerounaise de football suivent la situation de près. De manière générale, tout le monde est mobilisé et je pense que pour nous, qui n’avons pas eu, en tant que joueurs, la possibilité de jouer une CAN à la maison, c’est une opportunité que nous ne voulons pas voir nous &e...

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