Scrutins de listes: faut-il instituer la parité hommes/femmes ?

 Les opinions à ce sujet divergent, au gré des convictions politiques, religieuses ou sociologiques.

Voici un extrait du Code électoral de la République du Cameroun qui, dans son article 151, alinéa 3, donne la conduite à tenir en matière de prise en compte de l’aspect genre dans la constitution des listes de candidats aux élections législatives : « La constitution de chaque liste de candidats doit tenir compte des différentes composantes sociologiques de la circonscription concernée. Elle doit en outre tenir compte du genre. » Sans pour autant fixer de ratio, la loi de 2012 portant Code électoral étend ce principe aux autres scrutins de listes institutionnalisés au Cameroun (élections municipales, sénatoriales, des conseils régionaux…), pour lesquels les actes de candidature doivent comporter « les indications sur la prise en compte du genre… » Dans les faits, cette disposition a été appliquée au cours des scrutins de 2013, où des listes ont été disqualifiées pour défaut de prise en compte du genre. Mieux encore, dans les circonscriptions où il y avait deux places à pourvoir, elles devaient être équitablement réparties entre les hommes et les femmes. Ceci aux antipodes de l’image de la femme simple « animatrice » du parti…
Une évolution jugée louable, mais insuffisante pour une certaine opinion constituée notamment d’organisations de la société civile et des militants des droits de la femme, pour qui la parité devrait être institutionnalisée et obligatoire. Des groupes lobbyistes, au nom de l’égalité des genres, militent dans ce sens, avec force arguments et à travers des campagnes de sensibilisation et d’information. Un peu moins véhémentes, de nombreuses autres associations encadrées par le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille préfèrent passer par la négociation et le plaidoyer, pour qu’un équilibre puisse s’établir progressivement. Perspective incongrue et impossible pour une autre opinion radicale qui, avec ses arguments physiologiques, sociologiques ou matriarcaux, estime que les femmes en politique ne pourraient jamais égaler les hommes. CT ouvre le débat.

OUI

Dr Faty-Myriam Mandou Ayiwouo: « Une loi sur la parité serait de bon augure »

Enseignante des Universités au Cameroun.

« La tenue prochaine des élections législatives, municipales, sénatoriales et présidentielles au Cameroun remet au goût du jour la question de la parité homme - femme dans les élections de listes. La citoyenneté confère des droits (de vote par exemple) et des devoirs (payer ses impôts). Le droit de voter est un droit civique. Une électrice peut briguer tous les mandats : élections municipales (Loi N°92/002 du 14 août 1992), élections législatives (Loi N°91/020 du 16 décembre 1991), voire élections présidentielles.
Malgré cette volonté politique affirmée par le gouvernement, à travers le ministère de la Promotion de la Femme et de la Famille (MINPROFF), de promouvoir l’approche genre, la représentativité des femmes dans la vie administrative et politique au Cameroun reste faible. Au parlement camerounais, il y a seulement 25 femmes sur 180 Députés ; 23 femmes sont maires sur 360.  Sur le plan politique, la représentativité féminine reste faible malgré une réelle évolution par rapport aux années 60, avec 25 femmes sur 180 députés ; 1061 femmes sur 9932 conseillers municipaux soit 10,7%. Bien que la loi stipule l’égalité des droits pour les femmes, il y a toujours des différences dans le statut social et culturel des hommes et des femmes au Cameroun. Les femmes, la règlementation (législative, juridique et salariale) et la communauté constituent trois facteurs aliénant la matérialisation efficiente de la parité.
Une loi sur la parité pour favoriser le développement sur le « destin commun » serait à mon sens de bon augure parce que c’est en votant des textes destinés à favoriser la parité législative et juridique, qu’il est possible d’instituer la parité dans les élections de listes mais aussi dans les autres sphères (individuelle, familiale, sociale, économique administrative).
Etendre l’obligation de la stricte alternance femme-homme dans la composition des listes aura sans doute pour conséquence positive non plus seulement d’inciter mais d’obliger les hommes à chercher des femmes pour les faire participer de façon. » Les femmes constituent des ress...

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