Louis Paul Motaze: « Le bilan est porteur d’espoir »

ministre de l’Economie, de la Planification et de l’Aménagement du territoire

 

Près de dix ans après la mise en œuvre  du Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), quel bilan faites-vous de l’ambitieux programme d’investissements publics en infrastructures ?


Pour être plus précis, nous sommes rendus à la septième année de la mise en œuvre du DSCE, qui, il faut le rappeler, est le premier phasage de la Vision horizon 2035. Le DSCE avait pour première ambition de changer de paradigme par rapport au Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté (DSRP) en mettant une emphase sur les projets structurants dans le but de mettre en route une masse critique de grands projets. Comme vous le savez, à la différence du DSRP, le DSCE met l’accent sur la création de la richesse  durable et inclusive, de nature à améliorer structurellement notre économie, en offrant de meilleures conditions pour un véritable essor des investissements privés et relever le niveau de vie des populations. Rendu à ce jour, nous dégageons un bilan positif et prometteur. En effet, depuis 2010, nous avons amélioré la façade maritime du Cameroun par la mise en service d’une seconde place portuaire à Kribi, avec l’un des meilleurs tirants d’eau du Golfe de Guinée. La seconde phase du développement du Complexe industrialo-portuaire de Kribi se poursuivra dans les prochains mois. Toujours en matière de transport, nous avons bitumé environ 2000 Km de routes (nationales, départementales et urbaines) et réalisé un deuxième pont sur le Wouri pour fluidifier le transit dans la capitale économique du Cameroun. Quant aux entrées Est et Ouest de la ville de Douala, la réception provisoire de l’entrée Est a eu lieu le 21 juillet 2017 et les travaux sont à ce jour achevés. Quant à l’entrée Ouest, le taux d’avancement est d’environ 83 %. S’agissant de l’autoroute Yaounde-Nsimalen, le taux d’avancement des travaux est d’environ 70 % en ce qui concerne la rase campagne.
Par ailleurs, environ 750 Mw de nouvelles capacités de production d’énergie électrique ont été installées ici et là. Nous nous employons maintenant à régler les problèmes des réseaux de transport et de distribution dont la vétusté ne permet pas d’amener toute cette énergie productible vers les ménages et les industries. Avec la réalisation du Barrage de retenue de Lom Pangar depuis fin 2015, nous avons déjà pu réduire significativement les délestages en période d’étiage où la pluviométrie est au plus bas. Concernant la construction de l’usine à gaz de Kribi, les travaux sont terminés depuis 2013, pour la phase 1. La phase II est en cours de préparation.
Il n’y a pas que les transports et l’énergie que le gouvernement a investi …
S’agissant du développement du numérique dans notre pays, le gouvernement a fait poser 6500 km de câble de fibre optique tout au long du périmètre du Cameroun et 2400 km posés dans l’hinterland. Enfin, pour les logements sociaux, les travaux sont achevés dans les camps Sic d’Olembé, Nkozoa et Biteng pour 1.300 logements, tandis qu’à Douala, 1.200 logements ont été construits.
Pour accélérer la mise en œuvre des projets structurants, le chef de l’Etat a lancé le Plan d’Urgence triennal pour l’accélération de la croissance (PLANUT) qui, comme il le précisait lui-même lors de son message à la Nation le 31 décembre 2015, « indique les priorités immédiates du DSCE ». Le PLANUT, faut-il le rappeler, concerne sept principaux domaines, dont la santé (construction des hôpitaux de référence dans les chefs-lieux de huit régions - Bafoussam, Bamenda, Bertoua, Buea, Ebolowa, Garoua, Ngaoundéré et Maroua - et réhabilitation des plateaux techniques des hôpitaux généraux de Yaoundé et de Douala, ainsi que du CHU de Yaoundé), l’énergie, l’agriculture (mise en place d’un Programme spécial de distribution de semences, des engrais et d’équipements agricoles, pastoraux et halieutiques en fonction des zones écologiques), les infrastructures routières (construction dans chaque région de deux axes routiers majeurs susceptibles de désenclaver les zones de production), la sécurité dans les grandes villes (construction des postes supplémentaires de gendarmerie et de police à Yaoundé et Douala), le développement urbain (construction de 100 logements sociaux dans chaque chef-lieux de région) et l’eau (construction d’adduction d’eau dans 30 villes secondaires et/ou forage de 100 puits par région).
A travers ces réalisations d’intérêt socio-économique national et sous régional, le gouvernement a considérablement réduit les coûts de facteurs et mis à la disposition du secteur privé l’énergie nécessaire au développement de leurs activités pour accroître leur contribution à la croissance, et créer subséquemment des emplois. Au regard de tout ceci, vous conviendrez avec moi qu’on puisse conclure à un bilan somme toute positif et porteur d’espoir pour l’amélioration de la compétitivité de notre économie, et partant pour une croissance plus forte, plus durable et plus inclusive.

 

Quel est l’impact de ces grands projets sur le niveau de vie des  populations ?


Il faut dire que les infrastructures de transport que nous avons réalisées permettent d’offrir de meilleures voies de communication à nos populations et à nos entreprises. En effet, plus de zones rurales sont désenclavées et reliées aux zones urbaines facilitant ainsi l’écoulement des produits agricoles. Sur certains axes qui se parcouraient en une journée de voyage, l’on peut désormais faire le trajet en deux heures et être à destination en toute quiétude. L’on note un regain de dynamisme au sein des populations qui étaient découragées du fait de la quasi-impossibilité d’écouler leurs productions agricoles. Celles-ci peuvent désormais écouler leurs marchandises sur un marché plus vaste, du moment que plusieurs routes ouvrent sur les pays voisins.
Nos populations urbaines ont pu noter la réduction des délestages et l’amélioration de la qualité de l’énergie qui leur est fournie. De même, grâce aux programmes d’électrification rurale, le taux d’accès à l’électricité des populations des zones rurales s’est amélioré. Le gouvernement est en train de réhabiliter l’ensemble du réseau de transport haute tension à partir des postes de production jusqu’aux principales villes du pays. Les réseaux de distribution moyenne et basse tension sont également entrain de connaître un renouvellement général dans les grandes villes. Par ailleurs, la réalisation de grands projets hydroélectriques a notamment permis le développement florissant d’activités socioéconomiques connexes telles la pêche, l’élevage et le petit commerce général.

 

Monsieur le ministre, la situation de l’exécution du Budget d’investissement public connaît une amélioration significative depuis deux ans. Comment expliquez-vous cette mutation, alors que le chef de l’Etat décriait dans son message à la Nation du 31 décembre 2014, les faibles performances réalisées dans l’exécution du BIP ? Quels sont les résultats à mi-parcours de l’exécution du budget 2017 ?


Permettez-moi de vous rappeler que l’exécution du Budget d’Investissement Public est conduite depuis l’exercice 2016 dans le cadre de la stratégie validée lors du Conseil de Cabinet du 15 octobre 2015. L’objectif de cette stratégie est de contribuer à régler le problème de la sous-consommation des crédits tout en veillant sur la qualité de la dépense publique. Dans cette optique, un ensemble de réformes a été conduit, notamment : un renforcement du processus de préparation du BIP avec un accent sur la maturation des projets, complété par la mise en place dans les 10 Régions d’un dispositif d’accompagnement des projets qui rencontrent des problèmes de maturité, des anticipations qui permettent que l’exécution du budget de l’Etat démarre dès le 1er janvier de chaque année, après les conférences de programmation des marchés publics, un accompagnement permanent de toutes les parties prenantes à l’exécution du BIP dans l’identification et la levée des contraintes qui pourraient constituer des entraves &agrav...

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