La vie éternelle de Kotto Bass

 Le bassiste raconté par le roman de sa nièce, Danielle Eyango

 

Cinq ans déjà. En effet, le livre « Kotto Bass. Comme un oiseau en plein envol » a été publié en 2012 aux Editions du Protocole. Résultat de conversations par-delà le mur de la mort, sur une période de onze ans, entre deux « oiseaux » : le bassiste disparu en 1996 et sa nièce Danielle Eyango. Et si on reparle en 2017 de ce livre-thérapie de Danielle Eyango, c’est à la faveur d’une séance de dédicace le 9 septembre dernier au magasin Fnac de Douala. Une initiative qui, en ce mois de rentrée scolaire, avait un but caritatif pour les enfants handicapés de « La Case de Tonton Vieux », la fondation Kotto Bass créée par Danielle Eyango pour continuer à faire vivre son oncle, son père. 300 exemplaires à 7500 F l’unité, mis en vente dans les rayons pour changer la vie de plusieurs jeunes défavorisés.
Ce nouveau coup de projecteur est donc l’occasion de revenir sur ce roman pas tout à fait fictionnel de 188 pages, première œuvre de la nièce de Kotto Bass et dernière du bassiste. Pourquoi livre-thérapie ? « J’écris pour guérir », répond l’auteur. Et c’est un vrai traitement choc que Danielle Eyango partage avec le lecteur, dans un univers où les frontières entre le monde physique et le mystique se brouillent. Le voile entre les vivants et les morts se déchire. Ce voile, c’est aussi Kotto Bass. Qui, bien qu’ayant quitté la réalité visible, redevient le psy, le refuge de la fille de sa sœur ainée, avec qui il entretient un lien que seules leurs âmes peuvent raconter.
Et quand le voile se déchire, Dany se sépare de son double maléfique, un être malade de haine et de rancœur. Un être à l’écriture féroce, dépouillée qui raconte le drame d’une famille, comme beaucoup d’autres sous nos cieux, dont l’unique lien est celui du sang. Et dans un style où l’instant présent, le passé (où apparaissent quelques éléments de la vie de Kotto Bass) et l’onirique s’entremêlent, la prose et la poésie se chevauchent, l’atmosphère n’est pas toujours lourde. Car l’auteure sait manier la distanciation. Par l’humour, par l’ironie.
Et si vous trouvez quelconque désordre dans la construction de l’œuvre, il suffira de jeter un coup d’œil à la note de l’auteure en page 5 : « son histoire, il l’a voulue ainsi. Comme des jets désordonnés de peinture sur un mur, sans respect strict de la chronologie. L’essentiel est ailleurs. » Dans le processus de guérison sans doute. Dans cette écriture volcanique, un diamant brut auquel l’éditeur n’aura malheureusement pas su donner tout son éclat.

 

 Danielle Eyango: « L’écriture reste pour moi une thérapie »

Ecrivaine

 

Votre tout premier roman est consacré à la vie de votre oncle maternel, le célèbre artiste-compositeur-musicien-arrangeur Kotto Bass, de regrettée mémoire. Comment naît un tel projet littéraire ?


Il faut le dire, son écriture naît d’une façon assez atypique. En 2000, soit quatre ans après le décès de Tonton vieux (sobriqu...

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