Dialogue: le credo de Paul Biya

Comme une poussée de fièvre, « le problème anglophone » s’est emballé ce début du mois d’octobre 2017. Entre casses et tentatives de main-basse sur des édifices publics dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, les postures des initiateurs et de leurs affidés se sont résolument radicalisées, au point où certains se sont enfermés dans une logique de « tout ou rien » selon qu’ils sont partisans de la partition de l’Etat, ou adeptes d’un retour au fédéralisme que le pays avait pourtant  expérimenté, plus d’une décennie durant, après son indépendance il y a plus d’un demi-siècle.
En tout état de cause, il est désormais bien clair que l’on est définitivement sorti du champ des revendications corporatistes, socle sur lequel reposaient les premiers mouvements de grève des avocats et des enseignants, pour se situer dans un champ résolument politique. Dans ce cas- ci, les acteurs évoluent à visage masqué, rendant complexe toute tentative de rapprochement ou de discussion, même à minima, sur ces thématiques qui divisent ou sur lesquelles le Peuple camerounais a depuis longtemps tranché.
Face à cette radicalisation, des voix s’élèvent ça et là, qui prônent et scandent le dialogue comme voie de sortie définitive de la crise. Mais, au fait, de quel dialogue parle-t-on donc ? De celui qui a jusque-là cours, ou d’un dialogue fictif qui n’aurait jamais eu lieu ? Ou encore veut-on forcément imposer une forme de dialogue, alors même qu’il en existe plusieurs, et que, jusque-là, sous la haute impulsion du chef de l’Etat, le gouvernement n’a fait que cela: dialoguer.
A ceux qui l'auraient oublié, faisons-nous le devoir de rappeler que depuis le début de ces mouvements, le gouvernement, sur haute instruction du chef de l’Etat, a choisi la voie du rapprochement avec les leaders porteurs des revendications. Garant du bien-être de tous les Camerounais, le président Paul Biya est allé au-delà des attentes en dépêchant expressément des émissaires de haut niveau dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. D'abord le Premier ministre, chef du gouvernement, digne fils de cette partie du pays. Monsieur Philémon Yang est allé nouer le dialogue avec les forces vives locales dans des échanges à bâtons rompus dont certains extraits ont fait le tour des réseaux sociaux.
Ils sont bien nombreux, les actes forts pris par la suite par le président de la République, dans le sens du renforcement du dialogue ainsi initié dès l’aube des tensions. A titre d'illustration, il y a lieu de rappeler quelques-uns: la mise en place, le 29 novembre 2016, d’un Comité ad hoc, ayant pour mission l’examen en profondeur des préoccupations soulevées par les syndicats des enseignants anglophones et la formulation des solutions adéquates. Au « Comité Ghogomu », qui rassemble vingt-cinq (25) personnalités, dont trois membres du gouvernement, des représentants des syndicats d’enseignants issus des deux régions concernées, et ceux des parents d’élèves, l’on doit une panoplie de mesures qui vont des questions liées à l’admission des étudiants dans les universités de tradition anglo-saxonne à la mutation des anglophones dans les établissements scolaires francophones, en passant par la représentation des anglophones aux postes d’enseignants et de personnels d’appui, le respect du principe d’équilibre régional, la durée et les diplômes des enseignements techniques et généraux du sous-système anglophone de l'enseignement secondaire, etc. Dans cette instance de dialogue et de concertation, siégeait comme membre, un certain Tassang Wilfred, syndicaliste, qui avait par la suite cru devoir claquer la porte des débats et quitter le Cameroun pour, par la suite, inonder les réseaux sociaux d’appels à la sécession aux cotés des tenants de la partition du Cameroun.
Sur le dossier des Avocats, le même esprit de dialogue et de débat a jusque-là prévalu. Le 22 décembre 2016 en effet, un Comité ad hoc, piloté par Jean Pierre Fogui, ministre délégué auprès du ministre de la Justice, a été chargé d'examiner et de proposer des solutions aux préoccupations des Avocats anglophones. Au cours de diverses assises dont les premières datent des 27 et 28 décembre 2016, plusieurs recommandations ont été faites et des décisions prises en rapport avec les revendications clés relatives à la restitution des robes et perruques confisquées ; aux poursuites contre les agents de maintien de l’ordre qui auraient violenté des avocats ; aux mutations des personnels judiciaires francophones ne maîtrisant pas la langue anglaise ; à la création au sein de la Cour suprême d’une section spéciale chargée de recours contre les décisions rédigées en anglais ; à la création d’un département de Common Law à l’ENAM, etc.
Bien plus, faisant suite aux hautes instructions présidentielles destinées à favoriser une meilleure administration de la justice dans les régions du Nord-Ouest et Sud-Ouest, des groupes de travail ont été mis en place sous la houlette du Ministre d'Etat Laurent ESSO et des Ministres Jacques Fame Ndongo et Michel Ange Angouing. Objectifs: le renforcement des capacités des personnels anglophones, la détermination du contenu des programmes de formation des élèves de l’Ecole nationale d'administration et de magistrature (ENAM) et de celui des programmes d’enseignement des matières juridiques  en vue d’une carrière judiciaire.
Pour bien montrer son attachement au dialogue inclusif et durable, le président Paul Biya a créé le 23 janvier 2017, la Commission nationale pour la promotion du bilinguisme et du multiculturalisme (CNPBM). Cette institution est dirigée par Peter Mafany Musonge, ancien Premier Ministre, Chef du Gouvernement, originaire du Sud-ouest. Aux termes du Décret de création, des personnalités reconnues œuvrent, dans ce cadre républicain " à la promotion du bilinguisme, du multiculturalisme au Cameroun, dans l’optique de maintenir la paix, de consolider l’unité nationale du pays et de renforcer la volonté et la pratique quotidienne du vivre-ensemble de ses populations." La Commission peut également accomplir des "missions de médiation". Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest y sont représentés, chacun, par trois (03) membres. C’est une indication que la crise anglophone a fortement impacté sur le choix des hommes.
Au-delà, de nombreuses autres initiatives sont à relever. A l’instar de celle de  Garga Haman Adji qui est allé à la rencontre de divers acteurs de la crise dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest à la demande, avait-il déclaré en janvier 2017, du président Paul Biya. Rappelons que Monsieur Garga Haman Adji est le président national de l’Alliance pour la démocratie et le développement (ADD), formation politique d’opposition avec laquelle le RDPC, parti au pouvoir, n’a noué aucun accord politique. Son implication comme médiateur traduit à l’évidence la volonté du chef de l’Eta...

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