Face à la crise: L’exigence d’un journalisme responsable

Avec la crise socio-politique qui secoue, depuis un certain temps, les régions du Nord- Ouest et du Sud-Ouest, le rôle de la presse fait à nouveau débat. Attiser les tensions ou apaiser les esprits : quelle doit être sa mission première ? Que doit-on attendre d’elle dans un contexte de crise quasi insurrectionnelle où des voix s’élèvent pour appeler à plus de… responsabilité ? Le questionnement occupe voire préoccupe les cercles des observateurs avertis de la pratique journalistique, en temps de crise.

Ce questionnement n’est pas nouveau. Loin s’en faut ! A la vérité, il est consubstantiel aux situations de crise. Ici comme ailleurs, il fait l’objet de vifs échanges, chaque fois qu’un pays est confronté à des tensions sociopolitiques susceptibles de destructurer le tissu social. Enregistré au cours du dernier quart de siècle, le cas du Rwanda, pays africain frère, hante encore la mémoire collective. Tristement célèbre est restée la « Radio des Mille Collines » dont le rôle incitateur avait conduit en 1994, à un véritable génocide. Près d’un million de morts déclarés en l’espace de quatre mois ! Autour de nous, les exemples sont légion, qui peuvent illustrer « les dangers d’une presse sans foi ni loi » dans un contexte de crise à l’instar de celle que traverse notre pays. Prévenir valant mieux que guérir, le Ministre de la Communication a entrepris d’effectuer le tour des rédactions. A chaque étape, Monsieur Issa TCHIROMA BAKARY a tenu à rappeler quelques règles déontologiques de base. Il a surtout appelé à une réelle prise de conscience des vrais enjeux de l’heure, notamment ceux liés à la souveraineté de notre pays et au caractère intangible de notre unité, par-delà les opportunismes politico-politiciens qui sous-tendent certaines démarches malhabiles de conquête du pouvoir.

En témoignent les comportements quelque peu abscons observés par une certaine presse au Cameroun et hors des frontières nationales. La course effrénée au scoop, la quête permanente des adjectifs et autres déterminants les plus abjects pour qualifier et dénigrer l’action du pouvoir dont les détenteurs sont au demeurant voués aux gémonies, la volonté d’afficher sans cesse une sorte de démarcation des lignes et positions défendues par les pouvoirs publics et de ramer à contre-courant, sont devenues autant de maîtresmots qui fondent et guident leur ligne de conduite. Vous avez dit ligne éditoriale ? Et quand s’en mêlent les réseaux sociaux, ces plateformes où tout et n’importe quoi circulent fiévreusement, sans filtre et sans recoupement, et qui pour certains, constituent la principale source d’information, alors adviennent toutes sortes de dégâts.

Nul n’ignore de nos jours, la capacité de désinformation, de manipulation et de nuisance des masses, dont ces réseaux sociaux sont investis. Cette presse-là a choisi la voie du sensationnel, celle qui a tendance à perdre tout sens de la raison, souvent au fallacieux prétexte d’une liberté de ton et d’une liberté d’informer qui, bien malheureusement, la place aux confins, et même en marge, des normes professionnelles les plus élémentaires. Indigné, choqué par tant de dérives, le Pape François a dû sortir de sa réserve, et décider de s'attaquer aux "fake news", ces informations infondées qui contribuent à générer et à alimenter une forte polarisation des opinions. Aussi a-t-il annoncé, par anticipation, le 29 septembre 2017 (au lieu du 24 janvier prochain, journée consacrée à Saint François de Sales, le patron des journalistes), le thème de la journée de la communication 2018: "La vérité vous rendra libres (Jn 8, 32). Fausses nouvelles et journalisme de paix".

La démarche du Très Saint- Père vise à « promouvoir un journalisme professionnel, qui cherche toujours la vérité, et donc un journalisme de paix qui favorise la promotion d’une culture de tolérance et de compréhension entre les divers groupes de la société », l’un des fondements d’une presse responsable.

• La presse responsable. Celle qui en temps de crise, s’affirme par une « contribution citoyenne » à sa résolution par une qualité d’information irréprochable et exempte de tout soupçon partisan ; celle qui sait apprécier et non dévaloriser, motiver et non démoraliser, exalter et non diaboliser.

• La presse responsable. Celle qui sait, par temps de crise, éviter ces tares qui valent à certains d’être étiquetés « médias de la haine » pour s’être éloignés des règles éthiques et déontologiques dont, au Cameroun, le Conseil National de la Communication (CNC) reste le fervent gardien, par-delà le corpus législatif qui régit la pratique du métier.

La presse responsable. Celle qui, par temps de paix comme par temps de crise, sait se rappeler l’exigence première du «traitement de l’information » avant toute diffusion ou publication pour en faciliter l’absorption par ceux qui la consomment : lecteurs, auditeurs, télespectateurs, etc. Un traitement qui requiert de fait beaucoup de retenue pour tout journaliste dont le devoir est de faire oeuvre utile à sa société d’appartenance en s’interdisant la diffusion des informations tendant à l’affaiblissement de celle-ci.

Oui, le principe de responsabilité est au coeur même de la liberté de la presse et de la pratique du journalisme. Il impose « de ne pas dire tout et n’importe quoi »; par soi-même ou par personne interposée. Il impose aussi que le principe d’information de qualité, telle que définie dans différentes chartes du journalisme, à savoir une information « complète, libre, indépendante et pluraliste », ne devienne le pré...

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