Libre circulation en zonz CEMAC: le Gabon ouvre ses frontières

Le gouvernement gabonais vient de décider de la suppression des visas pour les ressortissants des pays de la sous-région.

L’arrêté portant autorisation de libre-circulation des ressortissants des Etats membres de la CEMAC en République gabonaise date du 6 octobre 2017. Il a été signé par deux membres du gouvernement gabonais. A savoir, le ministre de l’Intérieur, de la Sécurité publique et de l’Hygiène publique, chargé de la Décentralisation et du Développement local, Lambert-Noël Matha et son homologue des Affaires présidentielles et de la Défense nationale, Etienne Massard Kabinda Makaga. En substance, le gouvernement gabonais lève « l’obligation de visas d’entrée ou d’autorisation de sortie » aux ressortissants des Etats membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC). Ceux-ci doi vent être détenteurs d’un passeport ordinaire biométrique, d’un passeport diplomatique ou de service, d’une validité d’au moins trois mois à la date d’entrée sur le territoire. Cette mesure concerne les séjours n’excédant pas 90 jours. Selon les termes dudit arrêté, la décision prend effet à compter de sa date de signature.

Après cet arrêté, c’est une circulaire relative au même objet co-signé le 19 octobre dernier par les deux membres du gouvernement qui donne d’autres précisions. En effet, on y indique par exemple que la décision du gouvernement gabonais est en application de l’acte additionnel de la CEMAC du 25 juin 2013. Un document qui réaffirmait la volonté des chefs d’Etat de la sous-région d’ouvrir leurs frontières aux populations et de faciliter la circulation dans l’espace communautaire. De plus, l’Etat du Gabon dit « concilier la nécessité de la libre-circulation et l’exigence sécuritaire », et édicte d’au tres mesures. La circulaire indique par exemple que « les autorités compétentes du Gabon se réservent le droit de refuser l’entrée aux personnes n’ayant pas respecté le délai de séjour lors de leurs précédents voyages et aux personnes considérées comme pouvant porter atteinte à l’ordre public, à la sécurité nationale ou à la santé publique ». Le Gabon rejoint ainsi la République centrafricaine, le Tchad, le Congo, et le Cameroun dans cette dynamique d’intégration sous-régionale.

Interview

« L’Afrique centrale n’a pas d’autre choix »

Olivier Kenhago Tazo, sous-directeur Afrique centrale au ministère des Relations extérieures.

Le Gabon a finalement franchi le pas, en décidant d’ouvrir ses frontières aux populations de la CEMAC. Quelle analyse cela vous inspire cette décision?

Si j’en juge par les réactions aussi bien de l’opinion publique sous-régionale que des responsables communautaires, et au regard de sa portée multiforme (juridique, politique et économique), je dois dire que cette décision qui était très attendue, constituera un véritable marqueur dans le processus de construction de notre intégration sous-régionale. Pour nous en convaincre, je voudrais brièvement rappeler les évolutions récentes qui ont rendu inéluctable la décision du Gabon de se conformer à une mesure qui, en vérité, est inscrite dans les textes structurants de la communauté.

Certains observateurs voient dans la décision des autorités gabonaises une conséquence de la pression exercée par la Commission de la CEMAC au lendemain de la rencontre des chefs d’Etat en février dernier à Djibloho, lors de leur 13e Conférence ordinaire. Dans la foulée en effet, le Tchad puis la RCA annonçaient leur ouverture à la libre circulation intégrale. La pression est montée d’un cran lorsque les ministres de la sousrégion, réunis dans le cadre du Programme des réformes économiques et financières à Douala en septembre 2017, ont invité la communauté à adopter des sanctions contre les Etats qui n’avaient pas encore souscrit à cette décision. S’il est difficile d’évaluer la part de cet enchainement des faits sur la décision des autorités gabonaises, il convient de relever qu’à quelques jours de la session extraordinaire de la Conférence des chefs d’Etat de la CEMAC, convoquée le 31 octobre prochain à N’Djamena par le président en exercice, Idriss Deby Itno, les autorités gabonaises se sont mises à l’abri de pressions devenues intenables, et ont marqué un grand coup dans l’opinion de la sous-région.

Au plan interne, il importe de mentionner la volonté du président Ali Bongo d’améliorer l’attractivité de son économie et valoriser les zones économiques exclusives créées ces dernières années. En effet, face à la crise économique et financière dont ce pays subit les contrecoups, le Gabon semble résolu à tirer parti du marché sous-régional, en augmentant le volume des échanges intra régionaux, pour minimiser les pertes de change et diminuer la dépendance de son économie vis-à-vis de ses partenaires commerciaux traditionnels.

Pour beaucoup d’observateurs, la libre circulation dans la sousrégion va créer un grand marché de consommation et booster l’économie. Y a-t-il des préalables à la mise en branle de cette dynamique ?

En l’état actuel des choses, je dois dire que le cadre communautaire et les dispositifs nationaux sont prêts à assurer une mise en œuvre efficiente de cette décision communautaire. A cet égard, je voudrais relever que pour assister les Etats membres dans la mise en œuvre de l’acte additionnel de 2013, et prenant dûment en considération leurs capacités institutionnelles,  les responsables communautaires avaient adopté en 2008 un chronogramme assorti des mesures préparatoires et d’internalisation.

Entre autres mesures, il s’agissait de créer et activer des structures de formation des responsables de la communauté en matière d’enquête criminelle, de permettre techniquement l’accès des services chargés de la police aux frontières aux bases de données pertinentes, d’installer dans lesdits services des solutions standardisées à l’instar de la solution intégrée « find and mind ...

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