« Il est impératif de former des éducateurs spécialisés »

Marie Mélanie Bell, fondatrice du Centre Orchidée Home.

Ça fait 13 ans que vous avez créé le Centre Orchidée Home. Quel regard posez-vous aujourd’hui sur le combat de l’autonomisation des enfants autistes ?

  Depuis que le COH existe, comment peut-on comprendre que le centre reste la seule institution qui offre l’éducation spécialisée aux enfants et que le pavillon scolaire Chantal Biya à Douala soit la seule réelle école où l’inclusion est vraiment une réalité. Il y a un vrai problème. Moi j’interpelle ici les responsables de l’Education de base. Tout enfant doit avoir une identité, il a droit à la santé, à l’éducation. Les enfants autistes sont exclus. C’est vrai que depuis quelque temps, il y a des parents qui montent quelques projets. Mais ça reste de petits projets. Parfois c’est une pièce de la maison qu’on a aménagée comme une petite école spécialisée, on accueille trois ou quatre enfants, le personnel n’est pas formé. Donc nous interpellons vraiment le ministère de l’Education de Base pour lui demander de former le personnel, des éducateurs spécialisés. 

Est-ce cet environnement qui justifie le coût élevé de la scolarisation des enfants autistes par exemple ?

Dans notre pays, la scolarisation des enfants avec autisme n'existe pas. Ils sont les oubliés de notre système éducatif de base. L’accompagnement psycho-éducatif tenté par quelques initiatives privées est donc hors de prix, puisqu'un enfant avec autisme a besoin d'un psychologue pour enfants, d’un éducateur spécialisé, d'un  orthophoniste, d'un psychomotricien et d'un kinésithérapeute. C’est cette équipe pluridisciplinaire qui fait progresser ces enfants. Tous ces professionnels sont rares, voire inexistants et quand ils existent, ils travaillent tous en libéral. Dans de rares cas,...