L’héritage de courage et de coeur de Kofi Annan

Une étoile de l’Afrique s’est éteinte. Kofi Annan, africain de coeur et citoyen global, symbolisait le meilleur de l’humain. Pour beaucoup d’entre nous, Kofi Annan a été un mentor qui nous a démontré que tout est possible si nous rêvions en grand. Un homme de courage, de conviction et de compassion, c’était un diplomate raffiné, un homme politique engagé, doté d’une vision ambitieuse pour transformer le rôle des Nations unies dans le monde et placer l’humain au centre de toutes les politiques.

Un engagement fondamentalement humaniste

Au tournant du siècle, M. Annan, déplorant le nombre de vies volées au continent africain par l’épidémie de sida, a appelé à « mettre fin à la conspiration du silence ». Il s’est rendu auprès des victimes du sida pour voir et comprendre les réalités de l’épidémie. Lors du Sommet d’Abuja en 2001, il qualifie le sida comme « notre plus grand défi en matière de développement » pour le continent africain et décide de faire de cette bataille sa priorité personnelle.

Il était conscient de l’effet dévastateur de la discrimination et la stigmatisation sur l’accès aux soins. Il a parlé des droits des travailleurs et travailleuses du sexe, des homosexuels et des autres hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes, des consommateurs de drogues et des personnes transgenres. Il était convaincu du rôle clé des femmes et des filles pour renverser la tendance, si seulement la société leur donnait l’autonomie et le pouvoir de le faire. Il a plaidé pour de meilleures lois et davantage de sièges pour les femmes à la table des décisions. Il a célébré la diversité et nous a toujours encouragé à mettre fin à la peur et l’intolérance qui alimentent les violations des droits de l’homme.

Plus qu’une crise sanitaire, un désastre mondial

Kofi Annan est l’un des premiers à comprendre que l’épidémie de sida est bien plus qu’une crise sanitaire localisée et ponctuelle. Il a usé de tous ces atouts diplomatiques et de sa détermination pour convaincre de nombreux dirigeants du monde que ce désastre humain, dont les Africains payaient le tribut le plus lourd, affecterait le monde entier—dans des dimensions politique, économique, sécuritaire, de droits humains et de développement. Il les a mis au défi d’être celui qui dira « le sida s’arrête avec moi». Dès 2000, il use de son autorité pour donner une place proéminente au sida dans les objectifs du millénaire pour le développement. Cette étape décisive a permis d’attirer l’attention sur l’urgence de la riposte au sida et de l’élever au niveau de priorité politique. Les OMD permettent aussi de prioriser l’allocation des ressources nationales et internationales vers ceux qui en ont le plus besoin. Sous sa direction, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté en 2000 la résolution 1308, identifiant le sida comme une menace pour la sécurité mondiale. En 2001, la Session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies sur le VIH/sida s’est tenue—la toute première réunion des Nations unies avec les dirigeants mondiaux sur une problématique de santé.

Prenant action également en interne, M. Annan a publié une Politique sur le VIH/sida sur le lieu de travail dans un Bulletin du Secrétaire général afin de fournir un environnement favorable à tous ses employés onusiens, quel que soit leur statut sérologique. Cet engagement s’est poursuivi au travers du soutien qu’il a apporté aux employés qui vivent avec le VIH pour lancer UN Plus en 2005, un groupe mondial d’employés vivant avec le VIH qui fonctionne aujourd’hui avec plus de 200 membres à travers l’ensemble des Nations unies.

Responsabilité partagée, solidarité collective

M. Annan voulait avant tout que l’humain soit au centre de toutes les politiques. Son interprétation de la Chartre des Nations unies a permis de mettre en avant la doctrine de la « responsabilité de protéger » pour défendre les droits des personnes. Il a entamé sa « révolution tranquille pour réformer l’ONU » en mettant en oeuvre sa volonté sans précédent d’engager la société civile et les communautés, à commencer par l’examen des progrès de l’ONUSIDA au sein de l’Assemblée générale des Nations unies.

Pour atteindre les objectifs fixés en matière de santé, Kofi Annan a appelé à la solidarité globale de tous les partenaires de développement et notamment, un « coffre de guerre » pour le sida, la tuberculose et le paludisme. Cet appel et son plaidoyer avec les dirigeants mondiaux—comme lors du sommet des dirigeants africains, où il appelle à de nouveaux financements pour lutter contre l’épidémie de VIH/sida qui ravage les pays d’Afrique subsaharienne—ont conduit &ag...

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