Les vrais enjeux du scrutin

Le dimanche 7 octobre 2018, les Camerounais ont rendez-vous avec l’Histoire. Les électeurs sont en effet appelés à choisir démocratiquement leur président pour les sept prochaines années. Un moment de vérité rare. A première vue, il s’agit d’une élection présidentielle comme il y en a eu d’autres au Cameroun depuis l’ouverture démocratique et la restauration du multipartisme, dans ces années 90 que certains se plaisent à considérer comme « le printemps africain ».

Pourtant, à y regarder de près, il est aisé de mettre le doigt sur la singularité du scrutin de dimanche. Il se tient dans un environnement international secoué sporadiquement de violences terroristes, maillé d’incertitudes liées à l’opposition commerciale frontale entre pays riches, qui s’accordent néanmoins sur un point : constituer une forteresse aux portes de l’Afrique et stopper net le flot de migrants en provenance du continent noir.

A l’intérieur de ses frontières, le Cameroun vit également une situation sociopolitique inédite, celle d’un pays courageusement embarqué dans le train de l’émergence au milieu d’une grave crise économique sous-régionale, tout en étant entraîné à son corps défendant dans une double guerre pour défendre son unité et son intégrité.

Au regard de ces nuages lourds, qui constituent autant d’hypothèques sur l’avenir, l’offre politique de chacun des neuf candidats à la présidentielle pour sortir le pays de l’ornière, et ses états de service, sont au cœur du débat. Et devront faire toute la différence. De toute évidence, pour choisir en connaissance de cause, nos concitoyens doivent être éclairés sur les enjeux véritables de cette élection, qui changera à coup sûr le destin de l’un des neuf aspirants, mais qui dans le même temps peut faire basculer le destin collectif.

Car il s’agit pour les électeurs de jauger lequel des candidats est à même d’apporter les réponses les plus convaincantes aux attentes fondamentales des Camerounais: la paix, et le développement. La paix, parce qu’elle est notre raison-d’être, notre identifiant biologique, presque notre marque de fabrique. Parce qu’on ne peut envisager aucune œuvre dans le chaos. Et parce qu’elle est en péril, tout simplement. Entre les sécessionnistes et les extrémistes de Boko Haram, qui se livrent à quelques années d’intervalle à une sorte d’escalade dans la sauvagerie et l’horreur, on doit en effet considérer que les Camerounais ont trop souffert. Et qu’il faut définitivement tourner cette page de la guerre et de la violence.

Quant au développement, il n’est pas le moindre des enjeux, car c’est bien lui qui doit générer le mieux-être auquel nos compatriotes aspirent légitimement. Lors d’une série récente, votre journal a passé en revue les efforts louables consentis par le Cameroun ces dernières années pour passer d’une économie sous-développée faiblement productive à une économie émergente, dans quelques années. Ces efforts doivent être poursuivis et amplifiés, mais les bases de l’envol économique sont sans conteste jetées, avec la mécanisation agricole en chantier, la réforme foncière, la construction de l’autonomie énergétique, et celle des infrastructures dans tous les domaines ; mais aussi, l’exploitation minière, la transformation digitale, et tout l’arsenal des réformes indispensables dans le but d’accroitre l’attractivité du pays.

Voilà en un mot comme en cent, ce dont les Camerounais ont besoin. Contrairement à ce que certains nous font croire, mus par l’appétit du pouvoir, le véritable enjeu de l’élection de dimanche n’est pas l’alternance pour l’alternance, dans une vision dogmatique. Le défi, pour notre pays, c’est de poursuivre sa marche en avant, dans la paix et l’unité. Notre environnement lointain et immédiat commande un tel agenda, et cet ordre de priorités. D’autres illusionnistes tentent de faire passer le message selon lequel la jeunesse serait l’argument-massue au cœur des enjeux électoraux. Oui, elle en est le coeur, dans la mesure où ce qui se construit lui revient en héritage. Mais ces messieurs veulent en fait accréditer une idée reçue : parce qu’ils sont jeunes eux...

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