La CAN, envers et contre tout

Depuis la fin des qualifications de la CAN 2019 qu’accueille l’Egypte dans quelques semaines, un drôle de spectre hante des médias camerounais : celui d’un second échec du pays à organiser la fête du football africain. Certains n’hésitent pas à aller au-delà du questionnement –le Cameroun peut-il être prêt ?- pour prédire sans façon le pire.

Osons espérer que leur scepticisme est une forme élégante d’anxiété destinée à appeler les acteurs du processus à un ultime sursaut. Au regard des retards accumulés dans la construction de ces infrastructures, la question qui obsède les médias semble légitime, mais elle est sans nul doute mal posée. En effet, le président de la République a exprimé de manière grave et solennelle sa détermination à organiser le plus grand rendez-vous sportif continental.

C’était lors de son discours à la nation du 31 décembre dernier, après l’annonce officielle du glissement de dates dans l’organisation de la compétition par le Cameroun : « Comme je l’ai dit, tous les investissements liés à l’organisation de la CAN seront réalisés. Je saisis cette occasion pour vous demander de rester mobilisés, afin qu’à terme, la modernisation de nos infrastructures routières, ferroviaires, hospitalières et sportives liées à ce grand événement se concrétise : notre pays le mérite bien. »

Face à un engagement aussi limpide, la question à poser, nous semble-t-il, est celle de savoir si au fil du temps la détermination présidentielle est demeurée vivace, et si son appel à rester mobilisés pour la CAN 2021 s’est traduit dans les faits. La réponse est, incontestablement, oui. L’investissement de Paul Biya pour la réalisation de la CAN est d’abord et avant tout personnel. Le président aime le sport, le football, et les Lions indomptables, dont il a contribué à bâtir la légende, en les érigeant en modèles, et en s’impliquant paternellement dans les péripéties qui ont jalonné leur existence lorsque celles-ci étaient de nature à écorner le mythe qu’ils représentent.

Qui mieux que lui aurait pu obtenir que le Cameroun ne fût pas sanctionné, frappé de lourdes pénalités, mais se voie offrir une seconde chance en 2021, après le retrait de l’organisation de la CAN 2019 ? Même si l’on convient que le changement des règles du jeu en cours de contrat était un tacle irrégulier de la CAF au pays organisateur, il a fallu à Paul Biya beaucoup de diplomatie, de sens de la persuasion et d’une forme d’aura et de baraka pour arriver au résultat d’aujourd’hui.

Cet investissement personnel se traduit aussi par l’utilisation optimale de canaux officiels et non officiels, pour s’informer sur l’environnement, l’opinion publique, l’état d’exécution des cahiers de charges, afin de prendre de nouvelles mesures ou de rectifier le tir. Mais si le chef de l’Etat ne ménage pas son temps et sa peine, à titre personnel, pour ce projet hautement symbolique pour la nation car centré sur les jeunes et le sport, son volontarisme se dessine aussi à travers le niveau et la qualité des investissements financiers consentis.

Les estimations non officielles font état de plusieurs centaines de milliards, et ces montants sont sans conteste justifiés par le caractère structurant de ce mégaprojet, qui implique la construction ou la réhabilitation d’infrastructures routières, hôtelières, télécommunicationnelles, sanitaires… et sportives. Peu de projets ont rarement coûté autant à l’Etat, depuis l’indépendance du pays, il y a bientôt 60 ans. C’est dire la volonté du chef de ...

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