« Toute la Nation va se recueillir »

L’éclairage de Jean-Dieudonné Ntsama, ministre plénipotentiaire hors échelle.

Jean Dieudonné Ntsama, ministre plénipotentiaire hors échelle éclaire sur l'hommage à rendre aux valeureux soldats décédés au front. Voici son interview.

 

Le chef de l’Etat a signé avant-hier un décret instituant un deuil national pour la journée du vendredi 21 juin 2019, en mémoire des 17 militaires morts en mission commandée dans la nuit du 9 au 10 juin. Quelle est la signification de cette décision ?

La journée de deuil national doit se distinguer des cérémonies funèbres, c’est-à-dire des obsèques nationales ou officielles. Quand c’est le cas, il y a un cérémonial qui figure dans le décret qui régit les règles à observer pendant les cérémonies. Mais, ce décret ne régit pas le deuil national, car le deuil national c’est une invitation à marquer le deuil au niveau de la Nation. Vous savez que chacun a eu à éprouver un deuil au niveau de sa famille ou de sa communauté. Alors, lorsque le chef de l’Etat décrète le deuil national, c’est pour que le deuil soit porté par toute la Nation. Donc, c’est pour marquer un événement imprévisible qui a entraîné la perte de plusieurs concitoyens. Il l’avait déjà fait il y a quelques années lorsque certains de nos pèlerins sont morts des suites d’une bousculade à la Mecque. Cette fois-ci, le chef de l’Etat décrète un deuil national après la mort en mission commandée de 17 soldats à Darak. A cette occasion, il n’y a pas un cérémonial particulier en dehors du fait que les drapeaux sont mis en berne. Le décret lui-même le précise.

Justement, quand le décret dit que les drapeaux seront mis en berne vendredi prochain, qu’estce que cela signifie ?

Le drapeau, normalement comme emblème national, flotte au vent. Il est tout joyeux et vivant pour ainsi dire. Quand on le met en berne, on le descend à michemin entre le sol et sa position normale sur le mât. Donc, il pend. Il ne peut plus flotter. C’est pour cela qu’on dit qu’il est mis en berne. Il ne peut plus s’épanouir comme c’est le cas lorsqu’il flotte au vent. A cette position, le vent ne le fait pas flotter. Le drapeau sera donc mis en berne vendredi sur toute l’étendue du territoire national et dans les postes diplomatiques et consulaires du Cameroun à l’étranger qui sont, pas comme on dit, des prolongements du territoire camerounais, mais plutôt des services publics camerounais en territoire étranger.

La journée de deuil national étant à distinguer des obsèques officielles, qu’est-ce qui va occuper les esprits ce jour-là, d’autant plus qu’il n’y a pas de cérémonial prévu?

Il faut dire que ce sera comme cela se passe habituellement dans les deuils, c’est-à-dire qu’il y a des offices religieux ce jour-là pour marquer le deuil au niveau de la Nation toute entière. Qui va donc organiser ces offices religieux, étant donné que l’Etat camerounais est laïc ? Notre Etat étant laïc, les confessions religieuses s’expriment librement. Quand le chef de l’Etat a pris l’acte instituant le deuil national, les églises et les mosquées s’organisent dans la foulée. Chaque obédience religieuse, dans sa manière de procéder, s’organise pour célébrer le deuil car il s’agit de faire des offices funèbres. Chez les catholiques, ce sont les offices de requiem. Chez les musulmans, les orthodoxes, etc, il y a des offices particuliers. Ce n’est pas centralisé avec une directivité. L’Etat laisse les confessions religieuses libres. C’est tout simplement une invite à ce que les populations aillent suivre ces célébrations. Mais il n’y a pas d’autorité centrale qui supervise et indique ce qu’il faut faire à tel endroit ou à tel autre. C’est chaque prélat qui va organiser un office. C’est d’ailleurs pour cela que le décret est publié à l’avance pour prévenir que vendredi prochain sera deuil national. Ça permet en conséquence aux confessions religieuses de s’organiser. Chaque citoyen devra-t-il adopter une attitude particulière vendredi ? Bien évidemment, le deuil national invite au recueillement en la mémoire des disparus. Souvent, quand on se recueille en mémoire de certains disparus, on pense en fait à tous les disparus, parce que dans la guerre contre Boko Haram, on a perdu plusieurs soldats et plusieurs compatriotes innocents. On en perd aussi dans la crise qui subsiste dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. De vaillants soldats tombent les armes à la main. Ils se sacrifient. C’est le sacrifice suprême comme ...

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