E-santé : l’Afrique à la page

Le numérique a fait sien le monde de l’entrepreneuriat. Le domaine de la santé n’échappe pas à cette marche résolue vers la digitalisation. Les jeunes entrepreneurs africains l’ont bien compris. Au Cameroun, des exemples comme le Cardio Pad d’Arthur Zang (prise de paramètres cardiovasculaires à distance) ou l’application Gifted Mom d’Alain Nteff (consultation de femmes enceintes à distance), ne cessent de faire parler d’eux un peu plus chaque jour. Ceci parce qu’ils répondent aux problèmes liés à l’accès aux soins pour la majorité des patients camerounais. Ces difficultés du secteur de la santé ne sont pas propres au Cameroun. Elles existent dans tous les pays africains. 
C’est par une amère expérience que le Dr Véna Arielle Ahouansou, médecin béninoise, a décidé de se lancer dans l’entrepreneuriat, dans le domaine de l’E-santé. Elle crée KEA Medicals, la compagnie derrière la carte médicale en ligne retraçant l’historique de santé du patient obtenue grâce à une application mobile. A 27 ans, le médecin-businesswoman nourrit des ambitions continentales, allant jusqu’à la mise en place prochaine d’une assurance santé universelle. Son désir de conquête du marché africain (et même au-delà), elle l’a communiqué aux participants de la deuxième édition de l’EurAfrican Forum, organisé à Cascais au Portugal, du 4 au 5 juillet 2019. A cette occasion, Cameroon Tribune a rencontré le Dr Ahouansou. 

 

Comment avez-vous eu l’idée de créer KEA Medicals ?
Je suis médecin de formation et la fondatrice de l’entreprise KEA Medicals, née il y a trois ans d’une situation assez triste, en réalité un événement commun à plusieurs structures de santé à travers le monde. Pour la petite histoire, j’ai perdu une de mes patientes dans une situation dramatique. Une jeune dame qui venait d’accoucher et qui a connu ce qu’on appelle une « hémorragie de la délivrance ». Dans l’urgence, cette dame avait besoin d’une transfusion sanguine pour laquelle il fallait évidemment connaître son groupe sanguin. Pour une femme qui était à son troisième accouchement, c’est l’examen le plus probable qu’on devait avoir à notre disposition. Et nous n’avons eu aucun moyen de remonter cette information, même si elle avait déjà eu à faire cet examen dans différents hôpitaux. Et comme elle, de nombreux patients décèdent dans des situations similaires parce que les médecins ne sont pas à même d’obtenir de manière rapide l’information du groupe sanguin. Elle a perdu la vie, car on a perdu une quinzaine de minutes à vouloir lui faire un nouveau groupage sanguin pour la prendre en charge. Et c’est donc pour remédier à cela, mais également pour permettre au maximum de patients de bénéficier de meilleures conditions de soins que nous avons développé la plateforme KEA Medicals. 
Comment fonctionne cette application médicale ?
Elle vise à connecter les différentes structures de santé, que ce soit les hôpitaux, les pharmacies, les laboratoires… à travers une plateforme unique. Grâce à une identité médicale universelle, plus précisément un code QR, nous relions l’historique médical de chaque patient en retraçant tous les hôpitaux par lesquels il est passé. Ce code QR que le patient peut avoir dans son téléphone, derrière sa montre, sera tout simplement scanné et fournira des informations nécessaires aux médecins. Ils sauront le plus rapidement possible s’il est diabétique, allergique à un certain médicament, hypertendu… Ce sont des informations dont le médecin a besoin pour pouvoir prendre des décisions très critiques. 
Quel accueil votre entreprise a-t-elle reçu auprès de ses principales cibles que sont les patients et le corps médical ?  
L’objectif est de rendre la solution KEA Medicals vraiment globale et de permettre aux patients, peu importe où ils se trouvent, d’avoir accès à toutes leurs informations. Nous avons commencé une implémentation au Bénin, mais pas seulement. Nous sommes présents également en Côte d’Ivoire et au Gabon. Après deux ans d’implémentation, nous sommes à plus de 75.000 patients déjà connectés, nous travaillons avec plus de 1500 agents de santé et 32 structures de santé. Cela va au-delà de l’identité médicale universel...

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