Langues maternelles : la bataille de la préservation

Dans un environnement de métissage culturel les familles peinent à assurer la transmission des notions de base. Zoom sur les astuces utilisées.

« On ne peut plus m’insulter en langue », se vante Carine Marcelle. Mais pour dire un seul mot en bamoun, il ne faut pas compter sur cette enseignante de français. « Ma mère ne me parlait pas en langue. J’ai dû me battre par mes propres moyens dès l’âge de 14 ans. Aujourd’hui, je capte certains mots ou je demande quand je ne saisis pas », explique-t-elle. Mère d’un garçon de 5 ans, elle espère s’améliorer avant de lui transmettre ce savoir. Mais, il existe des situations plus complexes. Du haut de sa quarantaine, Christian Djoko se désole de n’avoir pas appris plus tôt. « Après avoir lu « Décoloniser l’esprit » de Ngugi Wa Thiong’o, j’ai compris que c’était essentiel. Né et grandi à Yaoundé, je comprends le ghomala. Mais j’ai envie d’apprendre le ghomala de Baham », reconnaît-il. Il s’est ainsi abonné au compte Facebook d’un internaute dédié à cette langue.
Pour Yoana Bemo, c’est une autre affaire. Fille d’un père bulu (Sud) et d’une mère ewondo (Centre), elle estime avoir eu de la chance. « Ils ne nous ont rien appris. Nous les écoutions parler et c’est ainsi que nous avons appris. Heureusement, je parle très bien les deux langues aujourd’hui », se réjouit-elle. Le ngomba (Mifi) parlé chez son époux n’a rien à voir avec son ewondo et son bulu de base. « Les enfants vont se débrouiller. Je vais leur apprendre ma langue, tandis que leur père va leur apprendre la sienne, surtout que lui-même ne parle pas vraiment. Heureusement, leurs grands-mères sont là », relève-t-elle. Mère de cinq enfants, Laurentine Bita regrette la prépondérance du français et de l’anglais à la maison. « Leur père ne leur parlait qu’en français. J’ai essayé ewondo. Aujourd’hui, s...

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