« Cette action leur permettra de se retirer volontairement de la rue »

Pauline Irène Nguene, ministre des Affaires sociales.

Madame le ministre, qu’est-ce qui justifie la recrudescence du phénomène des Enfants de la rue (EDR) à Yaoundé ?

Les statistiques produites par nos services tendent plutôt à montrer le contraire néanmoins cette impression de recrudescence est liée à la présence continuelle aux heures de pointe des EDR qui viennent par grappes faire la manche dans les grandes artères du centre commercial (Rond-point de la Poste centrale, avenue Kennedy, carrefour warda) ainsi qu’aux devantures et parkings des grandes enseignes (magasins, boulangeries, banques, pharmacies). Ce flux quotidien les rend donc plus visibles et donne l’impression de montée, voire d’une aggravation de ce fléau mondial qui n’épargne pas nos grandes villes. Ce que l’on pourrait retenir en tout cas, c’est que le phénomène des EDR tend à se complexifier avec l’arrivée dans la rue des cas d’enfants issus des populations déplacées du fait des tensions sociales liées à l’insécurité dans les régions septentrionales et celles d’expression anglaise. L’on note par ailleurs parmi eux, les enfants issus des pays voisins en proie aux mêmes situations. Il y a enfin le constat de l’irresponsabilité et de la démission des parents auquel vient s’ajouter le regard indifférent de l’ensemble de la communauté.

Quelles sont les actions menées par le Minas au quotidien contre ce phénomène ?

Nos actions sont menées suivant trois niveaux d’intervention. D’abord la prévention du phénomène à travers la mobilisation communautaire et la sensibilisation des familles et des enfants par l’organisation de causeries éducatives. 5014 causeries éducatives ont été organisées en 2019. Il y a ensuite les actions d’identification et de retrait des enfants de la rue. Par exemple en 2018, 877 ont été identifiés parmi lesquels 307 resocialisés (retour en famille, placement en institution de rééducation ou en apprentissage, reprise scolaire). Les chiffres de 2019 sont en cours de consolidation. Il y a enfin l’autonomisation de ceux qui désirent exercer une activité. Ce dernier volet est mis en œuvre dans le cadre de la convention signée entre le MINAS et le FNE. Elle vise l’insertion et la réinsertion socioprofessionnelle des EDR à travers la formation professionnelle, les emplois directs, et les emplois indépendants. En 2019, 35 EDR ont bénéficié des chèques d’installation dans le cadre du PAIRPPEV. Par ailleurs, l’un de ces enfants que nous avons retirés de la rue et qui fait l’objet d’un suivi dans le cadre de ce programme depuis 2018, a réussi son concours d’intégration à la fonction publique après deux ans de formation au Collège régional d’agriculture d’Ebolowa. Ce cas de « succes story » mérite d’être révélé au grand public pour montrer que ces enfants ne sont pas complètement perdus et sans espoir. Ils sont capables des mêmes prouesses que leurs pairs  que nous encadrons avec affection et bienveillance dans nos familles. Il suffit de leur offrir une chance et de leur monter de l’amour comme à tous les enfants de leur âge et ils nous donnerons en retour les mêmes motifs de fierté et de satisfaction. 

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