« Nos principaux défis, l’organisation et la maîtrise des effectifs »

Pr. Yacouba Konaté, directeur général du Marché des arts du spectacle d’Abidjan (MASA).

Le MASA 2020 s’est déroulé sous la menace permanente de l’épidémie mondiale du Coronavirus. Comment êtes-vous parvenu à convaincre le gouvernement ivoirien de maintenir la tenue de l’événement ?

Je voudrais commencer par remercier les autorités ivoiriennes qui ont accepté de maintenir la date du MASA. Nous vivons une époque où le monde est en train de se fermer et c’est important de trouver un pays qui laisse les portes ouvertes, et donne une chance à la rencontre, au dialogue et aux espaces publics. Il a fallu aller présenter le dossier au Conseil national de sécurité pour expliquer que le MASA méritait d’être maintenu dans son agenda. J’ai avancé les chiffres, et une ou deux heures après, c’était gagné, nous avions l’autorisation. Au final, nous n’avons pas eu de cas de coronavirus signalés tout au long du marché. On a travaillé avec les responsables des hôtels, et on a demandé aux participants qu’en cas de manifestation des symptômes, qu’ils se rapprochent de l’accueil de leur hôtel. Le seul problème est que les gens pensent que la fièvre va passer, et négligent les symptômes… Lors du dernier pointage avec le service sanitaire samedi dernier, il y avait 76 cas de malaises divers, mais rien de particulier. Il y a eu des artistes avec des entorses, des douleurs et parfois des gastroentérites, mais pas de coronavirus. Dans toute la Côte d’Ivoire, il n’y a qu’un seul cas pour l’instant, et ce n’est pas quelqu’un qui venait pour le MASA, mais un Ivoirien séjournant en Italie.

Le MASA n’existerait pas sans l’appui constant des autorités. En plus du maintien de l’événement, sous quel autre aspect ont-elles accompagné cette 11e édition ?

Leurs actions étaient évidentes sous divers angles. Le vice-président de la République qui est venu présider la cérémonie d’ouverture a lancé un appel solennel au soutien des artistes par les partenaires, avec un appel public au mécénat. Ses déclarations comptent beaucoup dans un environnement comme le nôtre et ça nous donne plus de légitimité et de courage pour aller vers les autorités publiques et paraétatiques. Je pense que ça va être très important dans la réinvention des modèles économiques de la culture. Et c’est vraiment quelqu’un qui s’implique au quotidien et qui nous aide à conduire la manifestation. Deux ou trois autres personnalités nous ont particulièrement soutenus pendant cette semaine : il y a le ministre de la Défense qui est maire d’Abobo, et qui s’est impliqué particulièrement dans l’organisation du spectacle d’ouverture dans sa commune, ainsi que l’ouverture du musée des cultures contemporaines Adama Toungara à Abobo. Nous avons eu aussi le soutien et l’implication concrète de Madame le ministre de l’Education nationale qui est venue présider la journée jeunes publics. Sans oublier Mme Chantal Camara, présidente de la Cour de cassation, qui a organisé jeudi dernier, une session baptisée « La nuit des dames ».

Revenons sur ce spectacle d’ouverture qui a tout de même drainé plus de 2000 artistes…

Ce spectacle d’ouverture était une innovation qui nous a pris beaucoup de temps et d’énergie. Des chorégraphes qui travaillent dans les quartiers ont été mis à contribution. 2000 personnes ont été sollicitées. C’est un spectacle qu’on ne va pas ranger dans les placards, on va essayer de le faire vivre au cours des prochaines éditions et en dehors du MASA. Tous les ans, nous pensons que le MASA peut se manifester auprès des populations et des partenaires par ce type de parades qui je vous l’avoue, coûtent très cher. 100 millions de F pour ne rien vous cacher, ont été grappillés sur notre budget et injectés dans cette parade d’ouverture. Mais on pense que ça vaut la peine de continuer, pour tellement de raisons : cette émulation des jeunes, les groupes chorégraphiques qui ont vu une sorte de reconnaissance, le lien avec les quartiers et les municipalités.

D’autres innovations ont également été perceptibles, notamment la Zone Street Arts. Quelle contribution a-t-elle apportée au succès du MASA 2020 ?

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