« La chloroquine pour nous n’est pas une nouveauté »

Pr Jean-Louis Essame Oyono, directeur général de l’Institut de recherches médicales et d’études des plantes médicinales.

Monsieur le Directeur général, l’IMPM annonce la production massive des comprimés de chloroquine pour contribuer à la lutte contre le Covid-19. Quels sont les préalables pour le lancement d’une telle initiative ?

La chloroquine pour nous ce n’est pas une nouveauté. Il y a une quinzaine d’années déjà, l’IMPM avait pour mission, dans la lutte contre le paludisme de fabriquer de la chloroquine. Donc nous avions des équipements. Maintenant avec l’évolution du parasite, du plasmodium, il y a eu l’installation de la chloroquino-résistance du plasmodium, donc nous avons arrêté à ce moment nos activités sur la chloroquine. Mais avec l’espoir mondial qui est porté sur ce médicament, beaucoup plus sur l’hydroxychloroquine qui est un médicament utilisé contre les maladies auto-immunes, notre hiérarchie nous a demandé de recommencer à en fabriquer. Nous avions déjà les équipements et au moment où je vous parle, nous avions lancés les commandes de la matière première au niveau de la Chine et de l’Inde. Aussitôt que cette matière première sera là, nous allons faire les comprimés d’hydroxychloroquine qui est l’association entre la Chloroquine et l’Azithromicine. Mais ceci n’est pas une panacée. Il ne faut pas qu’on lance les populations dans cette recherche effrénée de la chloroquine ou de l’hydroxychloroquine parce que l’association des deux entraine des effets néfastes au niveau cardiaque. Ceci ne doit se prendre qu’à l’hôpital, donc nous attendons aussi le feu vert du ministre de la Santé publique qui doit juger de notre production afin que nous puissions donner pas au grand public mais aux formations sanitaires.

L’IMPM va se lancer dans la fabrication de la chloroquine au moment où le monde scientifique est divisé sur l’effet de ce médicament. Cela veut dire que votre centre de recherches a pris parti ?

Nous sommes tous préoccupés par cette menace sur l’humanité et tout espoir est permis. Ça ne veut pas dire que si nous fabriquons de la chloroquine, nous lui donnons un chèque blanc. Nous ferons des essais cliniques en laboratoire surtout, des expérimentations in vitro et des expérimentations animales. Parce qu’il faut se dire qu’avant qu’un médicament soit accepté, il faut juger de trois choses: l’efficacité, le non nocivité et la standardisation. La non nocivité veut dire que le médicament n’est pas toxique et dans le cas d’espèce, cette association peut entraîner des effets néfastes. C’est pour cela qu’il est déconseillé de faire l’automédication. Et la standardisation veut dire que les mêmes actions entrainent les effets. Donc je dirais que les premières fabrications de cette chloroquine vont aussi nous amener à évaluer dans nos laboratoires ces trois effets.

Il y a aussi des tests. L’espoir vient une fois de plus de l’IMPM…

Notre objectif c’est de trouver un partenaire stratégique. Parce que nous avons déjà une usine qui fabriquait des tests de dépistage du sida. Cette usine existe toujours et on peut la réorienter. Pour le moment, ce n’est que dans le cadre des suggestions. Mais disons que l’IMPM par le Cremer se propose d’apporter une contribution aux séances de dépistage de masse. Nous avons déjà le personnel expérimenté. Nous voulons mettre sur le marché des tests qui sont dits automatisés avec 1000 à 1500 tests par jour.

L’IMPM c’est aussi l’étude des plantes médicinales...

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