« Messi Martin m’a initié au bikutsi »

Betti Joseph dit « Bejos », artiste-musicien.

Pourquoi avoir choisi de composer un nouvel album pour retracer plus d’un demi-siècle de carrière dans la musique ?

Cet album s’intitule : « Mes 51 ans de carrière musicale » que je venais de réaliser. La sortie est déjà officielle, mais le seul problème que j’ai c’est que la pandémie de Covid-19 menace quelque peu la promotion. J’espère qu’elle va bientôt s’alléger et que nous pourrions passer à une promotion bien engagée. J’ai produit cet album pour faire comprendre mon parcours aux plus jeunes qui ne me connaissent pas, et même pour dévoiler certains contours de ma carrière inconnus de mes fans de toujours. Je souhaite que l’on sache que j’ai commencé la musique très tôt alors que je n’étais encore que sur les bancs. Je suis toujours là. Le travail de l’artiste ne finit pas tant que Dieu ne l’a pas décidé. Je remercie toutes les personnes qui ont contribué à mon ascension artistique, au premier rang desquels le président de la République, toujours conscient des besoins des artistes et qui est toujours prêt à leur apporter son aide.

50 ans de carrière, c’est un parcours extraordinaire avec de nombreuses rencontres. Comment avez-vous vécu vos débuts aux côtés de légendes comme Messi Martin ?

La musique est dans mon sang, si je peux m’exprimer ainsi. Mon père jouait du Mvet, et un de mes oncles était un musicien d’assiko. Vous comprenez que j’ai été inspiré très tôt. D’ailleurs, dans les années 70, j’ai été membre du groupe « Les Idoles de Nanga-Eboko » avec le feu Aloa Javis. Quand je quitte Nanga-Eboko, je suis ensuite recruté à la Sosucam, où j’ai joué dans l’orchestre « Sugar Band de Mbandjock ». C’était le vieux temps. Puis j’ai quitté Mbandjock pour rejoindre mon grand frère Messi Martin à « Mango Bar ». Je voguais entre Messi Martin et Mama Ohandja, dit « Rossignol » pour qui j’étais chanteur dans son groupe. Messi Martin m’a initié au bikutsi, car ce n’est pas dans ce rythme que j’ai démarré. Je faisais du merengue, de la rumba, un style proche du zouk actuel… Mais je me suis adapté. Vous savez, quand on a un esprit de créativité, combiné à une volonté de réussir et au travail acharné (on passait des heures aux répétitions), on peut tout faire. En entrant dans le milieu du bikutsi, j’étais déjà prédisposé à composer mes propres chansons.

C’était une époque d’émulation artistique ?

Les artistes étaient formés dans des salles de répétition. Ceux qui étaient capables d’écrire la musique perfectionnaient ce côté-là, tandis que ceux qui n’avaient pas de connaissances dans ce domaine passaient directement à la pratique. Quand leurs compétences se sont amplifiées, ils pouvaient alors être recrutés dans des cabarets. Et c’est le même procédé aujourd’hui. On appelle des artistes, on cherche une salle dans les quartiers et on les initie, puis ils vont se produire dans des cabarets. Je suis passé par ce moule. Comme je l’ai dit, j’ai appris aux côtés de mon oncle qui faisait l’assiko, et Mama Ohandja m’avait présenté à un soliste, le feu Papa Vieux Prince, qui m’a appris la guitare. Puis je suis allé me parfaire aux côtés de Messi Martin. Mais je suis reconnaissant à Dieu pour le don de la composition qu’il m’a concédé. J’ai même composé des morceaux pour Messi Martin comme « Elig-Effa », entre autres. A l’époque je ne savais pas encore que je pouvais chanter moi-même.

On connaît votre engagement pour le bien-être des artistes. Pourquoi avoir choisi de vous lancer dans ce combat aux premières heures de votre carrière ?

J’ai adhéré à la SACEM en Europe en 1972, puis je suis passé par toutes les sociétés de gestion collective de l’art musical au Cameroun, de la Socadra à l’actuelle Sonacam, en passant par la CMC et la Socam. En ce moment, je suis à la Sonacam en tant que membre de la Commission d’identification des œuvres musicales. Depuis le début, je suis très engagé dans le combat pour les droits des artistes. Au Cameroun, je pense que ces droits sont reconnus, mais la seule chose qui coince ce sont les dirigeants de ces organismes de gestion collective, car le droit d’auteur en lui-même fait vivre son homme. En décembre prochain, le mandat des dirigeants de la Sonacam va expirer. Nous verrons alors en ce temps-là s’il faudra reconduire la même équipe. Pour le moment, nous continuons à travailler afin que les choses changent. Par exemple, nos répartitions ne sont pas encore correctes, car le calendrier de paiement du droit d’auteur n’est pas respecté. Il y a également le point des statuts de l’artiste. Nous avons déjà tenu bea...

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