Delphine Tsanga : parcours de pionnière

L’ancienne ministre et ancienne député, décédée jeudi dernier, se sera illustrée tant dans les domaines de la politique, de la littérature que de la défense de l’environnement.

C’est une femme, parmi l’une des plus illustres qu’a pu produire le Cameroun qui a définitivement quitté la scène jeudi dernier après de nombreux mois de maladie. Delphine Tsanga, puisqu’il s’agit d’elle, fait en effet œuvre de pionnière dans divers domaines où elle a eu à exercer. Ministre, député, fonctionnaire internationale, femme de lettres, femme politique... Pourtant, rien ne semblait destiner cette infirmière diplômée d’Etat (diplôme obtenu à Toulouse en France grâce à une bourse octroyée en 1956) à un si brillant parcours. Car après son retour au Cameroun en 1959, elle exerce successivement dans les hôpitaux de Yaoundé, Garoua et Dschang. Son parcours scolaire au Cameroun est notamment marqué par ses passages au Collège des jeunes filles puis au Lycée Joss de Douala. Epouse et mère née le 21 décembre 1935 dans la région de l’Est, d’un père agent de l’administration française (ceux que l’on appelait alors les « évolués »), c’est bien dans le Centre qu’il faut retrouver ses origines. Féministe engagée, Delphine Tsanga l’était et l’assumait. Un engagement qui marquera une bonne partie de sa carrière à l’international. Elle a ainsi été membre du bureau du Conseil international des femmes (Cif) en 1966 avant d’en devenir la vice-présidente quatre années plus tard. Mais l’image la plus connue de la femme politique qu’est Delphine Tsanga se fait voir dans son Cameroun natal. En 1965, elle est élue à l’Assemblée législative du Cameroun (Alcam). Elle rempile cinq années plus tard avant de voir sa carrière politique connaître un tournant. Le 12 juin 1970, elle est nommée ministre adjoint de la Santé publique. Devenant ainsi la première femme au Cameroun et en Afrique subsaharienne à faire partie d’un gouvernement. Elle devient ensuite vice-ministre au sein du même département ministériel. 
Elle est ensuite nommée ministre des Affaires sociales. Elle est reconduite à la tête de ce département ministériel dans les gouvernements successifs jusqu’au 7 juillet 1984 quand elle quitte définitivement le gouvernement. Parallèlement à sa présence au gouvernement, Delphine Tsanga poursuit son militantisme au sein de la branche féminine de l’Union nationale camerounaise (UNC). Elle assume ainsi les fonctions de présidente du Bureau national de l’Organisation des femmes de l’Union nationale camerounaise (OFUNC) de 1975 à 1984. Elle poursuit néanmoins sa carrière sur le plan international. C’est ainsi que de 1984 à 1986, elle est membre du jury du Comité d’alphabétisation de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO). Une année avant son élection à l’ALCAM, elle est à la tête du Conseil national des femmes du Cameroun. Elle a également été présidente du Conseil d’administration de l’Association de protection et de valorisation forestière (APVF). 
A côté de cette brillante carrière politique, Delphine Tsanga s’est également essayée à la littérature. Elle est l’auteur de deux ouvrages. Le premier, Vie de femmes, a été publié aux éditions Clé en 1983. Cet ouvrage sera suivi une année plus tard par Ekobo ou l’Oiseau en cage, publié à Paris l’année d’après. Difficile donc d’évoquer chez elle une traversée du désert après sa sortie du gouvernement en 1984. S’agissant des distinctions honorifiques, Delphine Tsanga en a eu, tant au Cameroun qu’à l’étranger. C’est ainsi que des pays comme l...

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