Cinéma : dans l’univers de Mame-Zollo

L’acteur d’origine camerounaise évoluant en France parle de sa carrière inattendue et de ses projets.

En décembre prochain sur la chaîne française TF1, il sera à l’affiche de « Je te promets », le remake de la série américaine à succès « This Is Us ». Une grosse responsabilité pour Narcisse Mame-Zollo, acteur français d’origine camerounaise de 35 ans. Pas de quoi l’effrayer. Il est déjà prêt à embrasser le rôle-phare de ce jeune noir adopté par des parents blancs. L’incursion dans la vie de ce couple décidé à élever tous ses enfants sans distinction de couleurs, entre accomplissements et chutes, a fortement plu au public américain et international de « This Is Us ». Au tour du casting français de ravir les spectateurs et tenter de remporter la même réussite. Pour le découvrir, il faudra patienter encore quelques mois. 
En attendant le rush de la reprise des activités cinématographiques, Narcisse Mame-Zollo était au pays pour se ressourcer et gérer quelques petites affaires. Occasion rêvée d’aller à la rencontre de cette perle camerounaise du cinéma à la française. Celui qui a été vu dans des productions françaises célèbres comme « Engrenages », « Le bureau des légendes », ou « Trauma », retrouvées sur Canal+ et 13eme Rue. De longs-métrages comme « Bienvenue à Marly-Gomont », enregistrent également son passage. Il a travaillé sous la direction de réalisateurs comme Richard Berry, Dany Boon ou encore l’Américain Matthew Ross. Dans un entretien, il raconte comment il est tombé dans la marmite cinéma, et dévoile quelques projets à venir, notamment avec le producteur camerounais Sébastien Onomo

 

Vous venez de boucler le tournage du remake de la série américaine à succès « This Is Us » bientôt diffusé sur TF1. Est-ce une responsabilité particulière d’être un acteur noir et d’avoir le rôle principal dans une série proposée sur la télévision  française ?
TF1 m’a contacté pour ce rôle, et j’ai été intéressé. Mais j’ai eu quelques appréhensions, en ce qu’il s’agit là d’une grosse responsabilité, dans la mesure où « This Is Us » a fait un carton aux Etats-Unis. C’était quand même une prise de risque d’aller sur un projet comme ça en France, sachant qu’il y a un gros public qui a plébiscité cette série américaine. Donc on a beaucoup discuté avec les producteurs et les réalisateurs, et j’ai pris le temps de lire la version française. Je me suis rendu compte qu’elle était vraiment différente de celle des Etats-Unis. C’est ce qui m’a séduit. Les réalisateurs m’ont rassuré sur certains points. C’est ainsi que j’ai décidé de m’engager sur ce projet, une très grande fierté, car je n’accepte pas n’importe quel rôle. Je pense qu’à mon niveau, j’ai un devoir envers les jeunes acteurs noirs évoluant en France. Il faut que je leur montre qu’on n’est pas bons qu’à faire des petits rôles. On peut incarner des rôles principaux. C’est vraiment mon engagement en tant que Camerounais et panafricain.
Ce qui fait la force de la série « This Is Us », c’est cette union sacrée entre personnages noirs et blancs. Comment allez-vous adapter cette perspective dans le contexte français ?
Il y a un problème qui perdure dans le cinéma français, mais qui est en train d’être résolu. Quand vous êtes Noir ou étranger de manière générale, on vous stigmatise ou vous donne des rôles stéréotypés. On fait appel à vous pour incarner le voyou des cités ou l’Africain de service. Ça fait longtemps que je refuse ces rôles-là. J’ai dit à mon agent qu’il ne fallait plus m’en proposer. Et là ce qui m’a intéressé, c’est qu’on ne me prenne pas pour ce que je représente en termes de race, mais par rapport à mes qualités en tant qu’acteur. Mon personnage est un jeune homme, un trader, qui certes a été adopté par une famille blanche mais qui est totalement ancré dans ce qu’il est. Ce qui est également intéressant, c’est de montrer d’une certaine manière que deux races peuvent cohabiter ensemble sans problème. Et moi, ça me permet aussi de garder mon intégrité en tant qu’Africain, Camerounais et Noir au sein d’une série qui est populaire et qui va plaire à tout le monde. 
Justement que faites-vous dans votre posture d’acteur pour changer ces rôles stéréotypés donnés aux acteurs noirs dans le cinéma français ?
Simplement en sensibilisant ceux qui arrivent derrière nous et ceux qui sont déjà là. Il faut qu’ils comprennent qu’à un moment donné, que nous devons être capables de raconter nous-mêmes notre histoire, et ne pas laisser les autres le faire à notre place. Car dans l’œil d’un scénariste qui vit en banlieue à Paris et qui n’a jamais mis les pieds en Afrique, un rôle écrit pour un Noir va forcément être rempli de stéréotypes et de préjugés. Alors que si on le faisait nous-mêmes, nous pourrions écrire des histoires universelles. On peut être Noir et avoir des problèmes de couple ou des problèmes avec son enfant, entre autres. L’idée, c’est de sensibiliser les uns et les autres pour se dire que si on veut que nos histoires soient bien racontées, faisons-le nous-mêmes. C’est beaucoup plus simple.
Conscient de tous ces enjeux, comment vous êtes-vous retrouvé dans le 7e art en France ?
Disons que ça s’est fait un peu par hasard, mais avec le temps j’ai compris qu’il n’y avait pas de hasard. Tout est arrivé en accompagnant un ami évoluant dans le cinéma qui avait un problème à régler avec son agent. Ce dernier a bien aimé ma façon d’être et il m’a recommandé de me lancer dans le cinéma en arguant qu’il aime bien l’énergie que je dégage. A l’époque, je me disais que le cinéma n’était pas pour moi, car j’avais déjà ma petite vie rangée et je faisais mes business à côté. Il a insisté et m’a proposé un deal. Il m’a dit qu’il avait un casting dans deux semaines et m’a demandé d’y aller. Si j’étais pris, on travaillerait ensemble et si ce n’était pas le cas, j’aurais raison, et donc je n’aurais rien à faire dans ce métier. Malheureusement ou heureusement pour moi, je me suis rendu à ce casting et j’ai été pris et c’est de là que tout est parti. Depuis, j’ai fait des films en France, en Italie, aux Etats-Unis et un peu partout. 
Vous avez été à l’affiche de plusieurs séries en France, notamment « Engrenages » et le « Le bureau des légendes » diffusées sur Canal+. Qu’est-ce qui vous pousse à accepter un rôle et en décliner un autre ?
Deux choses : d’abord le réalisateur qui va mettre en scène le projet et ensuite le scénario. Si l’histoire est bien écrite et que je sens que j’ai quelque chose à y défendre, je m’engage. Je suis assez perfectionniste parce que quand j’embrasse un rôle, j’y vais vraiment à 600%. Notamment avec la série « Je te promets » où j’ai été aux costumes, à la coiffure pour dire exactement ce que je voulais jusqu’au maqui...

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