« Des efforts à faire sur l’accélération de l’intégration »

Michel-Cyr Djiena Wembou, secrétaire permanent du Pref-Cemac.

Monsieur le Secrétaire Permanent, il y a quelques jours, l’organisme dont vous avez la charge a rendu public, son rapport annuel, axé sur la mise en œuvre des réformes économiques et financières en Afrique Centrale. À mi-parcours de la période retenue (2017-2022) pour la réalisation de la matrice du PREF-CEMAC, quel bilan faites-vous des actions arrêtées par les États ?

Le Programme des Réformes Économiques et Financières de la CEMAC (PREF-CEMAC) est le cadre de référence et le plan d’action que les très Hautes Autorités de la sous-région ont mis en place pour faire face à la sévère crise économique qui frappe les pays de la CEMAC depuis le milieu de l’année 2014. Placée sous la Très Haute supervision de Son Excellence Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo, la présidence du Comité de Pilotage du PREF-CEMAC est assurée par Son Excellence Gilbert ONDONGO, Ministre d’Etat, Ministre de l’Economie, du Développement Industriel et de la Promotion du Secteur Privé de la République du Congo qui ne ménage aucun effort  afin que les actions prévues dans la matrice du PREF soient réalisées dans les délais prescrits.

La matrice des actions du PREF-CEMAC validée par le Comité de Pilotage en sa session ordinaire du 6 mai 2017 comprend une série d’actions à mettre en œuvre pour stabiliser le cadre macroéconomique et opérer une transformation structurelle des économies de la CEMAC. Ces mesures sont issues des 21 résolutions adoptées par les Chefs d’État de la CEMAC à l’occasion de leur Sommet extraordinaire tenu à Yaoundé, le 23 décembre 2016. Ladite matrice est structurée autour de cinq piliers portant sur les politiques budgétaires, la politique monétaire et le système financier, les réformes structurelles, l’intégration régionale et la coopération internationale. Elle comporte 15 objectifs généraux et 30 objectifs spécifiques, chacun décliné sous la forme d’actions ciblées, assorties de critères et délais de réalisation portant sur la période de cinq ans allant de 2017 à 2022, comme vous le dites. Trois années après la mise en place de ce Programme, les retombées de l’application des réformes engagées portent leurs fruits. Les différents rapports de la Surveillance Multilatérale, en dressant l’état de la situation économique de la sous-région, consignent les éléments de la santé relativement retrouvée des économies de ladite sous-région. Ces retombées s’illustrent entre autres par une amélioration des performances économiques d’ensemble de la sous-région. Ainsi, la croissance économique a poursuivi en 2019 son redressement enclenché en 2017, à la faveur d’une progression de la production pétrolière dans tous les pays producteurs à l’exception de la Guinée Équatoriale, ainsi qu’une bonne tenue de l’activité économique non pétrolière au Cameroun, au Gabon et Tchad. Au plan intérieur, l’environnement économique a été marqué par la poursuite de la consolidation budgétaire dans tous les pays de la CEMAC, sur fond de persistance des menaces sécuritaires dans le Bassin du Lac Tchad et en Centrafrique, ainsi que de crise socio-politique dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun, avec pour corollaire une augmentation des dépenses de sécurité et l’afflux des réfugiés et des déplacés. Dans ce contexte, l’économie de la CEMAC dans son ensemble a poursuivi sa reprise avec un taux de croissance de 2,0 % en 2019 après 1,8 % en 2018 et 0,7% en 2017.

D’autres réalisations peuvent être citées. Sans être exhaustif, nous pouvons mentionner la reconstitution des réserves de changes de la CEMAC, l’ouverture du dialogue avec les sociétés exploitant les ressources naturelles dans la zone CEMAC en vue du rapatriement des recettes d’exportation, la priorisation des projets intégrateurs et la mobilisation des bailleurs en vue de leur financement, la fusion effective des deux marchés financiers de la sous-région, l’achèvement de la réforme de la BDEAC, la mise en œuvre effective de la libre circulation des personnes et des biens , la conclusion et l’application par tous les Etats membres des programmes économiques et financiers soutenus par le FMI, ainsi que la mise en œuvre, par les Etats de la CEMAC, d’une série de mesures visant à réduire l’ampleur importante de leur déficit budgétaire observée au début de la crise qui a secoué la sous-région.

Globalement, l’évaluation à fin 2019 des actions mises en œuvre dans le cadre du PREF-CEMAC indique une note globale de 63,3 points, en augmentation de 17,5 points par rapport au résultat de 2018 (45,8 points) sur l’ensemble des piliers du programme avec des performances plus au moins importantes d’un pilier à l’autre. Par rapport à l’ensemble des cibles du PREF-CEMAC à l’horizon 2021, le taux de réalisation obtenu en 2019 est de 61,4%. En fin 2018, ce taux de réalisation était de 44,5%. Ceci met en lumière une accélération de la mise en œuvre du programme en 2019.

Quelles sont les difficultés que vous rencontrez dans ce vaste chantier communautaire ?

Les principales difficultés que rencontre le PREF dans le cadre de la mise en œuvre des actions prévues dans sa matrice sont liées à l’environnement sécuritaire qui prévaut dans la sous-région, la lourdeur de certaines administrations, le manque de compréhension dans certaines situations spécifiques et des rares fois des conflits de compétence entre les organisations communautaires.   Afin de palier toutes ces difficultés, le PREF bénéficie de l’accompagnement et du soutien sans failles du Président Dédié, Son Excellence Denis SASSOU N’GUESSO, Président de la République du Congo, qui n’hésite pas à prendre des initiatives en direction de ses paires dans le but de faire avancer cet important chantier communautaire

Monsieur le Secrétaire Permanent, certaines actions et mesures inscrites dans la matrice du PREF-CEMAC accusent du retard dans leur mise en œuvre au sein de la plupart des pays de la CEMAC. Quelles sont les mesures prioritaires qui devront être mises en œuvre pour 2021 ?

70% des actions prévues pour l’année 2019 ont effectivement été réalisées. Les actions non réalisées ont été reconduites pour l’année 2020, et viennent s’ajouter aux actions déjà prévues pour 2020. Nous sommes conscients qu’avec la Covid-19, une part conséquente de ces actions ne seront pas réalisées en 2020 ; ce qui nous amène donc en 2021 et même en 2022. A l’observation, pilier par pilier, certains piliers seront certainement totalement achevés, en 2021 ou en 2022 ; d’ailleurs le pilier 5 qui concerne la coopération internationale et précisément les programmes avec le FMI l’est déjà. Si la vitesse d’exécution est maintenue, le pilier 2, qui traite de la Politique monétaire et du système financier communautaire sera aussi achevé. Les piliers qui retiennent toute notre attention sont donc les piliers 3 et 4, qui sont en rapport avec les réformes structurelles et l’accélération de l’intégration physique et commerciale. Le taux d’exécution en 2019 du pilier 3 a été le plus bas de tous, et cette observation dure depuis le début de la mise œuvre du PREF. Ce pilier est toutefois celui qui appelle le plus de challenge et dont les résultats ne peuvent être observés que sur le long et même le très long terme. Qu’il s’agisse de la diversification des économies, de l’amélioration du climat des affaires ou du financement du secteur privé, les actions à mener restent importantes et doivent bénéficier de toute l’attention de nos hauts responsables.

Comme on le voit, la mise en œuvre du PREF-CEMAC a été globalement satisfaisante au cours de l’année 2019. Mais il convient de préciser que les actions engagées doivent être poursuivies, pour consolider les acquis obtenus après trois années d’ajustement structurel. Des mesures importantes, dont certaines sont pourtant inscrites dans le PREF-CEMAC avec un calendrier précis de réalisation, n’ont pas été mises en œuvre par les Etats ou les institutions communautaires concernées, ou ont fait l’objet d’une exécution lente et insuffisante au regard des objectifs fixés. Ces mesures portent sur les points suivants : la priorité à accorder à l’amélioration des recettes budgétaires non pétrolières, plutôt qu’à la diminution des dépenses publique ; la poursuite de l’amélioration de la qualité de la dépense publique ; le renforcement de la bonne gouvernance et de la redevabilité ; la priorité à accorder au financement du secteur privé et en particulier au remboursement de la dette intérieure et au paiement des arriérés dus aux PME et aux PMI ; la transformation locale des ressources naturelles et le développement des chaines de valeur ; l’accélération de l’intégration physique et commerciale ; le renforcement de la transparence et de la rigueur dans les procédures relatives à la programmation des investissements publics ainsi qu’à la sélection et à l’exécution des projets.

Il ne fait aucun doute que la pandémie du coronavirus qui frappe le monde depuis plusieurs mois a négativement impacté les économies de la Sous-région. Quelles sont les actions et les mesures initiées par le PREF-CEMAC pour réduire les effets néfastes de cette pandémie sur nos économies ? Par ailleurs, que prévoit le PREF-CEMAC pour la relance des économies des pays de la CEMAC ?

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