Louis Maxime Meka Meka: « Incendier le drapeau est un acte grave »

Les explications du président du Comité interministériel pour la normalisation et l’harmonisation des symboles officiels de l’Etat.

Que faut-il retenir quand on parle d’emblèmes et de symboles officiels de l’Etat ?
Lorsqu’on évoque les symboles, emblèmes ou signes officiels de l’Etat, on devrait comprendre qu’ils définissent une seule et même réalité. Il s’agit d’éléments visuels, graphiques généralement, sonores, d’inspiration réaliste ou imaginaire, qui sont censés traduire ou porter un certain nombre de valeurs positives ou négatives, c’est selon,  au bénéfice ou à l’encontre d’un être pris isolément ou vivant en communauté. Vous avez des familles, des régions, des Etats, des communes, des organisations internationales, etc. A travers les époques, il s’est agi essentiellement d’un drapeau, d’une devise, des armoiries et d’hymnes. Mais, avec le temps, cette liste s’est enrichie avec d’autres emblèmes comme la fête nationale, le sceau de l’Etat, etc. Dois-je le préciser, diverses disciplines permettent d’étudier ces emblèmes de façon rigoureuse. C’est ainsi que vous avez la vexillologie pour l’étude des drapeaux, la sigillographie pour l’étude des sceaux, et l’héraldique pour l’étude des armoiries.
Quelle posture le citoyen doit-il avoir vis-à-vis des symboles officiels de l’Etat ?
Au regard de la déclinaison que je viens de faire et de la définition assez globale qui permet à chacun de s’y retrouver, l’on peut dire que ces éléments, en tant qu’ils représentent symboliquement un certain nombre de valeurs fondatrices de la plupart de nos Etats, méritent un respect véritable de la part de chacun des concitoyens, des institutions et des organisations internationales. Vous avez donc inscrites dans le texte d’un certain nombre de dispositifs législatifs ou réglementaires, des attitudes qui sont prescrites. On retrouve, par exemple, dans le décret du 16 septembre 1976 qui précise les modalités d’utilisation des emblèmes de l’Etat dans le cadre général des règles de protocole applicables en République unie du Cameroun, disait-on,  parce que le texte n’a pas encore été actualisé, vous vous rendez compte par exemple que lorsque le drapeau est hissé, le public qui se trouve dans les alentours du lieu d’exécution de ce rituel doit s’immobiliser, se découvrir le chef c’est-à-dire la tête pour les hommes, et observer une attitude silencieuse et de déférence à l’égard du drapeau. Cela est valable autant quand on le hisse et lorsqu’on le ramène. On peut donc aisément comprendre la charge symbolique qui est attachée à cet élément et qu’on a l’habitude d’observer dans des contextes politiques, sportifs ou culturels. Lorsque récemment, au stade omnisports de Yaoundé, les hymnes nationaux étaient exécutés, vous avez pu voir l’émotion qui se dégageaient des visages des publics présents, qu’il s’agisse des nationaux ou des étrangers.
A quoi s’exposent ceux qui déshonorent les emblèmes nationaux en détruisant par exemple le drapeau  comme c’était le cas la semaine dernière à Bamenda?                                                                                                                
L’attitude prescrite est celle de déférence et de révérence à l’égard de ces emblèmes. Mais, bien souvent, on observe dans ces lieux beaucoup d’autres personnes lorsqu’elles ne sont pas prises à partie ouvertement par les forces de l’ordre ou d’autres publics plus sensibles à ces pratiques, des personnes qui continuent de marcher allègrement ou de se mouvoir de plusieurs autres façons ou de s’exprimer à haute voix sans tenir compte de ces prescriptions. Evidemment, cela est déplorable. Et pour aller plus loin, vous avez dû vous rendre compte il y a quelques années du tollé suscité par la façon dont le drapeau du Cameroun avait été traité par un artiste connu du cru. Cela a suscité une vaste polémique. Il l’a fait, je le suppose, par ignorance et cela n’empêche pas que le bon sens puisse prévaloir même lorsqu’on ne connaît pas la loi. Malheureusement, nous l’avons observé encore récemment dans certaines parties du pays où il y a eu des mouvements d’humeur. Là-bas, le drapeau du Cameroun a été, si ce n’est lacéré, du moins incendié sur des places publiques. C’est un acte grave qui est du reste sanctionné pénalement si tant est que les magistrats puissent faire leur travail et surtout soient désireux de le faire. Ils en ont la possibilité.
Les magistrats ne sont-ils pas obligés d’engager des poursuites à l’encontre des contrevenants?                                                                          ...

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