Femmes de petite taille : course contre les préjugés

Au quotidien, elles doivent affronter, comme toutes les personnes handicapées, le regard des autres et la discrimination.

Elle est le visage de la lutte pour la reconnaissance des droits des personnes de petite taille au Cameroun. Zenab Mepouompout, plus connue sous le nom de Nanny Power, vit pour que leurs talents soient reconnus, au-delà de leur apparence. Zenab comme ses pairs de l’association qu’elle coiffe, est atteinte de nanisme, défini en général comme un ralentissement de la croissance osseuse, en raison d’une condition génétique ou accidentelle (maladie, carence, environnement). Le nanisme se caractérise par une taille adulte de 1,45 mètre ou moins - la taille moyenne étant de 1,22 mètre. Parmi les complications courantes figurent notamment une incurvation des jambes ou une courbure du dos. 

Zenab souhaite que cette condition physique qui attire très souvent des regards curieux, mais surtout une forme de marginalisation, ne soit pas un frein à leur épanouissement. Ce combat, elle le mène depuis le lycée. C’est à cette période de sa vie qu’elle commence à voir les choses autrement. Résultante d’un épisode traumatisant. « Quand j’ai voulu entrer dans un lycée, on y a refusé ma candidature. Il a fallu que mon père intervienne afin que je puisse être intégrée. Et là, j’ai pensé à toutes ces personnes de petite taille qui sont sans soutien familial », regrette Nanny Power. C’est alors que lui vient l’idée de créer l’Association nationale des personnes de petite taille du Cameroun, finalement légalisée en 2012. La jeune dame y croise de nombreuses femmes, qui vivent comme elle des situations complexes au quotidien, entre moqueries, étonnement, discriminations, rejet, et une somme d’autres situations négatives. Particulièrement quand il s’agit de trouver un emploi. Quelles que soient leurs qualifications académiques et professionnelles, les membres de l’association butent contre des obstacles rugueux.

C’est le cas d’une jeune femme de petite taille qui a souhaité garder l’anonymat. Il y a cinq ans, elle avait réussi le concours des infirmiers. Après sa formation, elle a logiquement cherché du travail. « Alors elle a déposé son CV pour être employée dans un hôpital que je ne nommerais pas. Vous savez, quand on dépose un CV, l’employeur qui le reçoit ignore tout de l’envoyeur. Alors ils ont été émerveillés par son CV », se souvient Nanny. Quand est venue l’heure de l’entretien, les potentiels recruteurs se sont montrés méprisants, doutant même qu’il s’agissait bien de la personne derrière les états de service qu’ils ont découverts en épluchant le document. « Elle s’est sentie terriblement frustrée et dénigrée. Il a fallu lui parler et la suivre psychologiquement pendant des mois pour la remonter, et qu’elle retrouve l’estime de soi », regrette la présidente de l’association.

Ces frustrations de la discrimination à l’embauche, Hapsatou, elle aussi de petite taille, les a rencontrées maintes fois. Quand nous l’avons croisée pour la première fois il y a trois ans à l’occasion ...

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