« L’Etat a réalisé des gains de plus de 1 652 milliards de F »

Rév Dr Dieudonné Massi Gams, président de la CONAC

Monsieur le président, quel retour avez-vous de l’impact des actions menées par la Commission nationale Anti-corruption depuis sa création ?
A en juger par les témoignages qui nous parviennent de l’opinion nationale, la CONAC est l’une des institutions dont les Camerounais sont très fiers aujourd’hui. Cette fierté découle de l’impact positif de cet organisme national de lutte contre la corruption que le chef de l’Etat a eu la clairvoyance de mettre en place par décret N° 2006/088 du 11 mars 2006. Les actions de la CONAC ont conduit à une prise de conscience des citoyens des ravages dus à la corruption. On note une résistance de la plupart des camerounais à la corruption. Cela s’explique par les activités de sensibilisation de la CONAC. Le nombre de structures publiques, parapubliques et même privées à mettre sur pied des cellules de lutte contre la corruption va croissant au fil des ans, de même que le nombre de dénonciations d’actes de corruption. Le nombre de dénonciations a explosé avec l’avènement du numéro d’utilité publique de la CONAC, le 1517. Il est de 11 930 au titre de l’année 2019. Ces dénonciations, les actions d’auto saisine de la CONAC et l’engagement des Camerounais, suite à la sensibilisation de la CONAC, ont montré que la corruption n’est pas une fatalité. Cela a abouti aux emprisonnements, aux reprises des travaux mal exécutés et aux réparations de tout genre. Pour l’Etat, les gains financiers cumulés, de 2011 à 2017, sont de plus de 1 652 milliards de FCFA. Il faut reconnaître que le cadre d’une interview est assez réduit pour rentrer dans les détails de cet impact. Ce qui demeure constant, c’est que la masse critique d’acteurs positifs prêts à dire non à la corruption, recherchée par la CONAC, se réalise indéniablement.
Dans l’opinion, l’on pense tout de même que dénoncer c’est bien, mais punir les auteurs des actes de corruption serait encore mieux. Qu’en pensez-vous ?
Les contrats de corruption qui lient les parties sont généralement conclus dans les secrets les plus profonds possibles. Pour les pénétrer, il faut conduire des investigations parfois très risquées. C’est au bout de ces investigations qu’il faut punir, le cas échéant. S’il n’y a pas de dénonciation, la lutte contre la corruption  ne peut pas être pleinement menée. Vous comprenez que pour punir, il faut parfois passer par les dénonciations. Heureusement, les Camerounais ont bien pris conscience de cela. Nous les exhortons à le faire davantage. Cependant, il faut distinguer les cas de flagrants délits de corruption qui sont régulièrement traduits en Justice et les cas qui nécessitent des investigations complexes pour mieux circonscrire le mal et ses implications. Car l’une des missions de la CONAC est de proposer des mesures de nature à prévenir ou à juguler la corruption. Cette mission ne doit pas être perdue de vue dans ses interventions. Nous avons coutume de rappeler que le savant dosage pour mieux lutter contre la corruption c’est 70% de prévention et 30% de répression. Cette prévention passe par la promotion de l’intégrité, l’adoption des textes qui encadrent mieux la fortune publique et la connaissance par les citoyens de leurs droits. S’agissant justement des tex...

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