« Il y a des raisons de s’inquiéter »

Pr Jean Marie Kasia, administrateur directeur général du Centre hospitalier de recherche et d’application en chirurgie endoscopique et reproduction humaine (Chracerh).

Professeur, le Chracerh lance cette année encore une semaine de dépistage gratuite des cancers gynécologiques. Quelle est la nécessité de renouveler ces campagnes ?
Le renouvèlement de ces campagnes rentre dans le processus épidémiologique de la prévention des cancers gynécologiques. Si nous voulons prévenir les cancers, il faut absolument faire un screening chaque année. Car, le cancer est une pathologie évolutive. Les lésions du stade précancéreuses évoluent avec le temps vers des cancers invasifs, des cancers vrais.  On passe par des étapes précancéreuses qu’on appelle les dysplasies pour ce qui est du cancer du col de l’utérus. Ces dysplasies évoluent de légères vers des dysplasies sévères, en passant par des dysplasies modérées. Et quand on atteint le stade de dysplasies sévères, il y a d’autres stades, 1, 2, 3, 4 ou au stade terminal. Pour partir des dysplasies légères au stade des cancers vrais, il faut un minimum de 10 à 13 ans. Donc si vous avez une lésion précancéreuse aujourd’hui, le cas d’une dysplasie légère ou modérée, en 10-13 ans, vous avez la chance d’être à un stade qui peut encore être curable. La raison de ces dépistages est donc de détecter les cancers au début afin d’appliquer un traitement curatif, définitif et sauver beaucoup de patients.  
Y a-t-il plus que jamais des raisons de s’inquiéter de l’évolution de ces affections dans notre pays ?
Il y a effectivement des raisons de s’inquiéter quand on voit l’agressivité de certains de ces cancers, surtout les cancers du sein. Il vaut mieux les dépister au stade précoce et bénéficier d’un traitement curatif tout à fait intéressant qui permet de retrouver la guérison. Selon l’Agence internationale de la recherche du cancer, les statistiques de 2020 sont assez inquiétantes. On a enregistré 4170 nouveaux cas de cancer du sein en 2020. Ce qui représente 34,1% de tous les cancers chez la femme. Si nous prenons par exemple le cancer du col de l’utérus, on recense 2770 nouveaux cas soit 22,6% des cancers chez la femme. Il est important de densifier notre travail sur le dépistage de ces cancers pour espérer guérir le maximum de patientes. 
A quoi est dû la multiplication des cancers gynécologiques qui affectent aujourd’hui les femmes adultes comme les plus jeunes ?
Il y a plusieurs raisons. La première, ce sont les comportements sexuels à risque chez les femmes. Les gens ne se protègent pas. Le virus du papillome humain (HPV) par exemple, à l’or...

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