« La Force multinationale mixte est une illustration »

Pr. Frank Ebogo, expert des questions internationales et stratégiques, Université de Yaoundé II-Soa.

Un sommet de la Commission du bassin du lac Tchad s'ouvre ce mardi à Abuja au Nigeria. Quels enjeux ?
Le Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement de la Commission du Bassin du lac Tchad (CBLT) qui s’ouvre ce mardi 25 mai, à Abuja, au Nigéria, entre dans les pratiques routinières de cette organisation. En effet, la tenue de ces assises, en session ordinaire ou extraordinaire, est encadrée par les dispositions pertinentes du traité de la CBLT. Cependant, il s’agit d’un sommet extraordinaire qui se tient quelques jours après la décision du Conseil de Paix et de Sécurité de l’Union africaine de ne pas adopter de sanctions contre la junte au pouvoir au Tchad. L’agenda des travaux de la CBLT devrait être constitué par le traitement de la situation politique et sécuritaire qui prévaut au Tchad. La CBLT devrait se prononcer, d’une part, en faveur de la stabilité du Tchad ; et apporter, d’autre part, un soutien actif au Conseil militaire de transition. Elle pourrait, par conséquent, adopter une posture pragmatique consistant à maintenir le statu quo au Tchad, afin de préserver le dispositif communautaire de lutte contre Boko Haram. Le message sera clair : sans le Tchad, l’un des maillons forts du dispositif de la lutte contre Boko Haram, la stabilité de la sous-région sera fortement compromise. Il faudrait s’attendre, aux termes des travaux, à un appel à une plus grande solidarité régionale et internationale dans le cadre de la lutte contre Boko Haram. 
Au regard de la situation politique qui prévaut au Tchad et du retour de Boko Haram sur le terrain, peut-on dire que cette initiative soit la preuve que les pays africains sont capables de résoudre les problèmes auxquels ils font face ?
Pendant longtemps, les capacités africaines de réponse aux crises sécuritaires qui secouent le continent ont été inhibées par les interventions à répétition des anciennes puissances tutélaires et de l’ONU. Parce qu’elles étaient pensées, financées et exécutées par des acteurs non-africains, ces différentes missions de paix ont connu des résultats mitigés. La nouvelle approche, d’ailleurs prônée par l’Union africaine, en référence au chapitre 8 de la Charte des Nations unies, consiste à respecter le principe de subsidiarité, en confiant les missions de paix à la Communauté économique régionale compétente. Le constat est général : les belligérants et les populations légitiment de plus en plus les missions de paix pilotées par les Africains. Lorsque les troupes sont issues des pays de la sous-région, elles connaissent les réalités socio-culturelles des zones d’intervention. Ce qui rend la communication entre les différents contingents et les populations très fluide. La Force multinationale mixte réactivée par le...

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