« On ne se regroupe pas pour le simple plaisir de le faire »

Pr. Manassé Aboya Endong, directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (GREPDA)

Depuis le retour au pluralisme politique, des regroupements de partis politiques naissent, autour des thématiques variées comme la modification du code électoral et plus récemment encore, sur un projet de « libération du Cameroun ». Opportunisme ou agitation ?
Les regroupements de partis politiques au Cameroun sont des mobilisations politiques qu’on peut ranger dans le registre de l’animation de la vie politique en contexte de démocratisation. Ils obéissent à des rationalités multiples. En effet, les enjeux qui structurent cette volonté d’animation de la vie politique à grand renfort de regroupements politiques sont de divers ordres. S’il y a incontestablement la part de l’opportunisme et de l’agitation, il reste constant qu’il y a néanmoins une ambition légitime d’orienter, d’influencer et déterminer le jeu politique et le processus de prise de décision en rapport avec les grands enjeux politiques contemporains et les grandes mutations qui s’imposent dans la vie des Camerounais. Il s’agit pour les entrepreneurs politiques de mobiliser un répertoire d’action qui peut rendre possible leur visibilité dans un espace politique de plus en plus concurrentiel. Sous ce rapport, on ne saurait nier la plus value démocratique que de telles mobilisations apportent à l’animation de la vie politique. Toutefois, leur historicité amène à douter de leur efficacité au regard des faits d’armes qu’on peut reconnaître à ces regroupements politiques qui apparaissent comme un effet de mode, une façon d’exister politiquement mieux un prétexte pour se donner à voir même sans grande conviction sur l’enjeu de la mobilisation projetée. 
L’on note que ces regroupements n’aboutissent presque jamais à des résultats concrets. Quelles peuvent être les raisons de l’échec de telles initiatives ?    
Un regroupement politique nécessite pour être efficace, un certain nombre de préalables. Parmi ces préalables, il y a en bonne place la question de la compatibilité des formations politiques qui coalisent. C’est une condition nécessaire au déploiement efficace du regroupement politique projeté ou mis en place. Généralement, ce n’est qu’après coup c’est-à-dire a post factum que les entrepreneurs politiques qui fédèrent autour d’un projet ou d’une cause se rendent compte qu’ils n’avaient pas grand-chose en commun ; pis encore qu’un certain nombre de détails les opposaient et font de leur regroupement une juxtaposition de formations politiques.   L’observation de la vie politique camerounaise montre avec beaucoup de précision que les regroupements politiques promus dans l’espace politique pèchent par une certaine fétichisation des coalitions. On ne se regroupe pas pour le simple plaisir de se regrouper encore faut-il en amont se rassurer de l’effectivité de la vision commune de l’enjeu du regroupement pour éviter qu’une mobilisation promue initialement pour contribuer à la réforme du code électoral par exemple ne devienne un prétexte d’expression de la défiance politique ou encore qu’un regroupement annoncé comme promoteur d’un changement pacifique n’aboutisse à un projet insurrectionnel. Les rationalités qui président à l’engagement dans une coalition politique ou dans un regroupement politique ne sont pas toujours de nature à concrétiser le projet à l’origine du regroupement promu notamment lorsqu’elles sont essentiellement motivées par un sentiment d’aigreur et de frustration politique. Dans ce cas de figure, il faut craindre que si la frustrati...

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