Dr. Christian Pout : « Des groupes camerounais peuvent s’imposer à l’extérieur »

Internationaliste, président du Think Tank CEIDES.

Une nouvelle dimension, avec la diversification des pôles économiques dans le monde, des appétits de puissance et d’extension marqués. Le Cameroun vous semble-til, de par son outil diplomatique, au diapason de ces mutations ?

Au-delà de la question des mutations du commerce international, il importe, me semble-t-il, de rappeler les raisons qui fondent l'exigence et la pertinence de la mise en place d'une diplomatie économique. Je vais insister sur trois éléments. En effet, il n’est plus possible aujourd'hui de dissocier les attributs de la puissance. Ainsi, les performances économiques d'un pays lui attribuent son rang dans le système international. En outre, avec la mondialisation, il n’y a plus de frontière entre économie domestique et marchés extérieurs et en réfléchissant à l’ambition d'émergence, il faut réfléchir non plus en termes de stocks mais en termes de flux économiques, dans toute leur diversité, qui unissent notre pays au reste du monde. Dans un monde qui fonctionne en réseau et où la place du secteur privé et de l'entreprise comme moteurs de la croissance économique est affirmée continuellement, il y a lieu de mettre en place un cadre doctrinal et des structures opérationnelles qui consacrent une démarche gagnante dans cette sphère des relations internationales. S'agissant de notre pays, j'ai noté depuis de nombreuses années une volonté politique sans ambiguïté de stimuler la diplomatie à opérer une mutation vers cette approche. L'organisation gouvernementale de 2011 a d'ailleurs donné des indications nettes qui renforcent cette lecture. Je dois reconnaître qu'il y a un effort progressif d'adaptation qui se fait dans l'appareil diplomatique. Il s'agit de l'asseoir par une énonciation stratégique rigoureuse, l'adoption d'un cadre programmatique et l'attribution de structures organiques dotées en ressources humaines, matérielles et financières pour que l'accompagnement diplomatique des acteurs privés devienne plus professionnel et plus efficace.

Que peut faire le pays pour tirer au mieux profit de la donne internationale actuelle ?

Je pense sincèrement qu'une initiative comme la Conférence économique internationale de Yaoundé, tenue en mai 2016 dans notre capitale, se situe dans le droit fil de ce qui devrait se faire. D'autres initiatives telles que PROMOTE ou PMEXCHANGE et tous les autres salons et fora organisés par les Chambres consulaires, les organisations patronales, les Ministères et autres institutions publiques ou privées sont également à prendre en ligne de compte dans ce registre. Il y a un travail de mise en cohérence auquel le MINREX doit s'associer davantage pour ce qui est du volet relations avec les firmes et groupes étrangers. Il est l'instrument gouvernemental qui, avec le réseau des Ambassades et Consulats et sa Division des camerounais à l'étranger et des étrangers au Cameroun, peut créer une proximité réelle et quasi-permanente avec les centres de décision des entreprises multinationales et les tenants des places financières en Afrique, en Europe, en Asie, en Amérique qui manifesterait un intérêt pour les nombreuses potentialités de notre pays. Il est temps qu'une réflexion sérieuse prenne véritablement corps au sein de l'Administration des Affaires Etrangères pour endosser stratégiquement et opérationnellement l'option politique de la diplomatie économique. C'est les linéaments de ce travail que nous avions tenté de formu...

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