« Toute action menée dans le cyberespace laisse des traces »

Pr. Ebot Ebot Enaw, directeur général de l’agence nationale des technologies de l’information et de la communication (ANTIC).

Nous assistons de plus en plus à la publication de vidéos exposant la nudité d’individus sur les réseaux sociaux. Quelle réaction cela suscite en vous ?
Nous constatons, pour le regretter, que, bien que les réseaux sociaux aient pour principale vocation de faciliter les relations sociales en utilisant les TIC, des individus malintentionnés s’en servent pour perpétrer des actes malveillants connus sous le vocable de cybercriminalité.
L’ANTIC a observé ces dernières années une nette recrudescence des cas de cybercriminalité, notamment ceux relatifs à la publication sur les réseaux sociaux d’images et vidéos à caractère pornographique ou portant atteinte à la dignité humaine. Nous sommes profondément choqués par cette vague d’images et de vidéos qui circulent où la nudité de certaines personnes est exposée. Quelles que soient les conditions dans lesquelles ces images/vidéos ont été enregistrées, cela reste une violation grave de l’image d’autrui et une atteinte tout aussi grave à la dignité humaine. Nous condamnons avec la plus grande fermeté ces actes qui tendent à déshonorer, humilier et exposer ces personnes. La prise et le partage non consensuels d’images intimes peuvent causer des préjudices importants et divers aux victimes. 
Comment faire pour retrouver les auteurs de ces pratiques et les sanctionner ? 
Contrairement à une opinion assez répandue selon laquelle le cyberespace est non réglementé et où règne un anonymat total, toute action menée dans le cyberespace laisse des traces. Lesquelles peuvent être exploitées grâce aux outils et techniques de digital forensic pour identifier l’auteur. A l’aide de certaines de ces plateformes disponibles dans son laboratoire d’analyse des preuves numériques et grâce à l’expertise de ses agents techniques assermentés qui, faut-il le rappeler, ont la qualité d’officier de police judiciaire à compétence spéciale, l’ANTIC a pu donner suite à plus de 10 000 enquêtes de cybercriminalité. Toutefois, il conviendrait de souligner que la spécificité des plateformes de réseaux sociaux, de par leur architecture technique, du fait qu’elles sont hébergées hors de nos frontières et qu’elles sont soumises à une réglementation étrangère, impose une coopération avec les parties étrangères pour l’obtention de certaines informations. Fort de cela, le gouvernement camerounais, à travers l’ANTIC, a noué des relations avec certains éditeurs, notamment Facebook. Moyennant le respect du cadre légal national et des procédures mises en place par ces éditeurs, certes longues et rigoureuses car mettant une emphase particulière sur la protection des données à caractère personnel des usagers desdites plateformes, cette collaboration a permis à l’ANTIC de diligenter plusieurs enquêtes. Une fois les informations d’identification et de localisation obtenues, elles sont transmises aux Services de sécurité pour interpellation et audition des suspects. Et subséquemment les éléments de l’enquête sont transmis aux autorités judiciaires. Très souvent, pour les cas relatifs à la publication de contenus choquants, l’ANTIC les fait supprimer grâce à son partenariat avec les éditeurs des plateformes de ré...

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