Paul Biya : « Le Cameroun est un et indivisible

L’intégralité du message du chef de l’Etat à la Nation à l’occasion de la fin d’année 2016 et du Nouvel an 2017.

« Camerounaises, Camerounais, Mes chers compatriotes,  
L’année 2016 qui s’achève a été riche en événements pleins de signification pour notre nation.   
Cette année, nous l’avons commencée sous de très bons auspices. La résilience de notre économie, malgré un contexte défavorable, était saluée par les bailleurs de fonds, dont le Fonds Monétaire International.  
Nos forces de défense et de sécurité avaient repoussé et mis Boko Haram sur la défensive.  
Notre pays s’engageait résolument dans une nouvelle phase de son grand projet pour l’accélération de la croissance, la création d’emplois et des richesses.  
Les circonstances, au fil des mois, ont mis à rude épreuve cet élan prometteur.   
De même, un certain frémissement sur le front social et politique a semblé, par moments, fragiliser les fondements même de notre vivre ensemble. Mais nous avons toujours su tenir bon au bout du compte.  
Je voudrais donc, avant toute autre chose, vous dire solennellement, ce soir, que le Cameroun est un pays plus que jamais debout. Un pays UN et INDIVISIBLE, fier de sa diversité culturelle et jaloux de sa liberté. Un pays riche de ses hommes talentueux et entreprenants. Un pays doté de ressources importantes. Un pays regardant l’avenir avec confiance et détermination, décidé à relever les défis pour garantir le progrès social et la prospérité de tous.   
Au moment où l’année 2016 s’achève, je ne saurais oublier le deuil qui, de façon inédite, a frappé notre pays, lors de la catastrophe ferroviaire survenue à Eseka. C’était un moment de grande douleur pour la nation entière.  Notre peuple a su faire preuve de solidarité dans ce drame.  L’enquête approfondie que j’ai prescrite dira la vérité. J’en tirerai les conséquences, je m’y suis engagé.   

Mes chers compatriotes,   
Je voudrais maintenant m’appesantir sur les derniers événements survenus dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Ces événements nous interpellent profondément dans notre chair et dans notre esprit.  
Par le fait d’un groupe de manifestants extrémistes, manipulés et instrumentalisés, des Camerounais ont perdu la vie ; des bâtiments publics et privés ont été détruits ; les symboles les plus sacrés de notre nation ont été profanés ; les activités économiques ont été paralysées momentanément.   
Tout cela, vous en conviendrez, est INACCEPTABLE.  
Les libertés politiques et syndicales sont effectives dans notre pays. Elles sont garanties et encadrées par nos lois et règlements.  Dans ce cadre, chaque citoyen est bien fondé d’exprimer son opinion sur tout sujet de la vie nationale, y compris par l’observation pacifique d’un mot d’ordre de grève, dûment déclaré.  
Il s’agit d’un droit fondamental du citoyen, voulu par le peuple camerounais puisque garanti par la Constitution.  
Ce droit est inaliénable dans l’idéal démocratique que j’ai proposé au peuple camerounais et que, quotidiennement, nous construisons ENSEMBLE, patiemment et obstinément.     
Il n’est pas convenable que certains veuillent se servir de ce cadre de liberté pour poser des actes de violence et chercher à porter atteinte à l’unité de notre pays.  
En pareille circonstance, l’Etat a le devoir impérieux de rétablir l’ordre, au nom de la loi et dans l’intérêt de tous. Agir autrement, c’est compromettre notre démocratie ; c’est laisser l’anarchie s’installer à la place de l’état de droit.    
Je condamne de façon énergique tous les actes de violence, d’où qu’ils viennent, quels qu’en soient les auteurs. Nous tirerons toutes les conséquences des différentes enquêtes en cours à ce sujet.  
Que l’on se comprenne bien, il n’est pas interdit d’exprimer des préoccupations dans la République. En revanche, rien de grand ne peut se construire dans la surenchère verbale, la violence de rue et le défi à l’autorité. Seul le dialogue serein permet de trouver et d’apporter des solutions durables aux problèmes.  
Les voix qui se sont exprimées ont été toutes entendues. Elles ont, dans bien des cas, soulevé des questions de fond que l’on ne saurait négliger. J’ai instruit le Gouvernement d’engager un dialogue franc avec les différentes parties concernées, pour trouver des réponses appropriées aux questions posées. Je les invite à participer, sans préjugés, aux différentes discussions.   
Mais, ne l’oublions jamais, nous marchons sur les pas des pères fondateurs de notre pays, de nos héros nationaux, qui ont versé leur sang pour léguer à la postérité une nation unie dans sa diversité.   
L’unité du Cameroun est donc un héritage précieux avec lequel nul n’a le droit de prendre des libertés. Et quelle que soit la pertinence d’une revendication, celle-ci perd toute légitimité, sitôt qu’elle compromet, tant soit peu, la construction de l’unité nationale.  
Le peuple camerounais, comme un seul homme, s’est engagé à construire une nation unie, inclusive et bilingue. Il s’agit là d’une expérience unique en Afrique. Comme toute entreprise humaine, notre expérience n’est pas parfaite. Elle a des aspects perfectibles. Nous devons donc rester à l’écoute les uns des autres.  Nous devons rester ouverts aux idées mélioratives, à l’exclusion toutefois, de celles qui viendraient à toucher à la forme de notre Etat.  En dehors des instances dont j’ai prescrit la création au Gouvernement, et qui fonctionnent déjà, nous sommes prêts à aller plus loin. Nous sommes disposés, à la suite et dans l’esprit des artisans de la Réunification, à créer une structure nationale dont la mission sera de nous proposer des solutions pour maintenir la paix, consolider l’unité de notre pays et renforcer notre volonté et notre pratique quotidienne du VIVRE ENSEMBLE.   Et cela, dans le strict respect de notre Constitution et de nos Institutions.   
Dois-je le redire ?  LE CAMEROUN EST UN ET INDIVISIBLE ! Il le demeurera…   
Il tire sa richesse et sa force de la diversité de son peuple, de ses cultures et de ses langues. C’est ce pluralisme qui vaut à notre pays, considération, respect et admiration.  
Le Cameroun est un pays démocratique, un Etat de droit. Les problèmes doivent y être réglés dans le cadre de la loi et par le dialogue.   
Nos compatriotes veulent vivre dans la paix et la concorde. Il ne faut pas les troubler.   C’est aussi pour cela que notre pays s’est engagé dans la lutte contre Boko Haram.  
A ce propos, je crois pouvoir dire que l’année 2016, a permis de pousser ce groupe terroriste dans ses derniers retranchements. On peut, semble-t-il, espérer que cette nébuleuse aura du mal à se relever des coups qui lui ont été portés. Mais il faudra rester vigilant, l’éventualité d’attentats-suicides isolés, comme celui du 25 décembre dernier, n’étant pas à écarter.  
Cette évolution favorable est à mettre au crédit de nos forces de défense et de sécurité nationales, de la Force Multinationale Mixte et de la coopération avec les autorités nigérianes. C’est le lieu de nous féliciter également de l’appui de nos partenaires internationaux, que je tiens à remercier.   
Je dois aussi mentionner le rôle important des comités de vigilance qui, par leur bravoure et leur dévouement, ont réussi, à maintes reprises, à déjouer des tentatives d’attentats. Je tiens à saluer une nouvelle fois l’attitude du peuple camerounais dont le patriotisme, dans ces moments difficiles, n’a jamais fait défaut.   
Oui, l’unité nationale se forge dans les épreuves.   
Nous devons maintenant consolider la sécurité intérieure, reconstruire, organiser le retour des déplacés et ranimer l’économie locale. Pour tout dire, redonner vie et sérénité aux régions sinistrées. L’Etat y pourvoira dans toute la mesure de ses moyens, en comptant sur le dynamisme des populations et l’accompagnement des partenaires au développement.  
Malgré le poids des dépenses de sécurité, le Gouvernement n’a pas relâché ses efforts pour favoriser la croissance de notre économie.  
Plusieurs de nos grands projets de première génération sont pratiquement opérationnels ou sur le point d’entrer en service, tels que le port de Kribi, le barrage de Lom Pangar et les centrales de Memve’ele et de Mekin.  
Pour réduire la fracture énergétique et mettre fin aux délestages, d’autres grands chantiers, comme les centrales de Bini à Warak, Menchum, Song Dong et Nachtigal, vont compléter ce programme. Avec la création de la Société Nationale de Transport d’Electricité, nous entendons régler nos problèmes de transport et de gestion de l’énergie.  
Le développement de notre réseau routier est également en progrès. Un vaste programme de construction ou de réhabilitation de routes est en cours d’exécution à travers tout le pays. Je ne citerai que les plus remarquables comme les autoroutes Yaoundé/Douala et Nsimalen/Yaoundé dont les travaux avancent normalement, mais aussi les entrées est ou ouest de Douala ainsi que le deuxième pont sur le Wouri.  
A plus long terme, nous envisageons la création d’un réseau routier et ferroviaire à vocation inter-régionale pour faciliter l’accès à nos gisements miniers et stimuler nos échanges avec les pays voisins. Le Cameroun se trouve à la jonction des deux grands ensembles économiques d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique Centrale. Pourquoi n’ambitionnerait-il pas de devenir cette plaque tournante à laquelle la géographie le prédispose ?  
Le développement de notre capacité énergétique et l’extension de notre réseau routier ont pour finalité principale la création des conditions optimales pour l’industrialisation de notre pays. Celle-ci est notre grand défi des prochaines décennies. En même temps, on peut en attendre une confirmation de l’évolution favorable de la situation de l’emploi constatée ces dernières années. A titre d’exemple, jusqu’en octobre 2016, 320 mille nouveaux emplois ont été recensés. Par rapport &agrav...

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