« L’aigreur conduit inexorablement à l’extrémisme violent »

Manassé Aboya Endong, professeur de science politique et directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (GREPDA).

Des activistes de la diaspora projettent une manifestation à Genève, le 17 août prochain, en vue dit-elle de perturber le séjour du chef de l’État. Quelle lecture ?
Pour comprendre la portée de « l’agitation » projetée, il faut nécessairement convoquer la sociogenèse de ce mouvement antirépublicain de conquête du pouvoir. En effet, la brigade anti sardinards (BAS) est un mouvement transnational, excroissance d’un projet hégémonique mal négocié parce qu’adossé sur un ethno-fascisme grossier et grotesque. Déçue par l’échec d’une entreprise de mobilisation endogène de conquête du pouvoir éconduite à la faveur de l’élection présidentielle du 07 octobre 2018, la formation politique qui se dissimule derrière ce mouvement antipatriotique a cru devoir procéder à une « traque » systématique des personnalités politiques en séjour à l’étranger pour espérer en vain provoquer une démobilisation autour des institutions de la République. Pratiquant le saccage des représentations diplomatiques de l’État du Cameroun, profanant les emblèmes d’Etat, promouvant la sécession à grand renfort de discours haineux et appelant à la déstabilisation de l’État, voire à l’assassinat de celui qui l’incarne et le représente de par la Constitution, ces entrepreneurs du chaos n’ont pas lésiné sur les moyens pour ternir l’image de marque d’un pays réputé être « un havre de paix », « une terre d’hospitalité », mieux, un modèle de cohabitation pacifique entre les diverses communautés qui le composent. Cette sociogenèse du mouvement qui vit de la perturbation des séjours des représentants de l’État en Occident, renseigne sur sa stratégie de conquête du pouvoir à partir du fantasme de « l’assaut final ». Il s’agit de ternir suffisamment la réputation de l’État et celle de ceux qui, à divers niveaux de responsabilité, l’incarnent et le représentent pour espérer mobiliser la communauté internationale afin de provoquer une transition politique forcée qu’ils appellent de tout leurs vœux. Cette stratégie désespérée de conquête du pouvoir n’est rien d’autre qu’une insurrection politique, à la seule différence qu’elle a lieu hors des frontières de l’État.
Ce mouvement quasi-anarchiste n’est pas à son premier coup. Comment comprendre cette propension à s’en prendre à l’institution incarnée par le président de la République ?                

L’aigreur, lorsqu’elle est mal (di)gérée, conduit inexorablement à l’extrémisme violent. Le messianisme politique construit autour d’un être qu’on présente comme le libérateur a fini par susciter une organisation extrémiste avec des annexes et des succursales qui vivent précisément de l’économie de la violence antirépublicaine.   Il s’agit d’un business de la haine et de l’inimitié qui se développe et se légitime par un comportement « élitocide » qui consiste à vilipender l’élite politique pour espérer démobiliser autour d’elle et, in fine, se positionner comme alternative. Aussi, la propension à s’en prendre à l’institution qu’incarne le président de la République peut-elle s’appréhender de manière simple. En effet, lorsqu’on peine à convaincre à partir d’un projet de société crédible, la cible de substitution pour parvenir à ses fins obsessionnelles et réaliser des fantasmes passionnels en matière de conquête hinc et nunc du pouvoir est le chef de l’État.  Cet acharnement contre celui qui incarne et représente les institutions de la R&...

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