« Il faut un rappel au civisme et à la citoyenneté »

Pr. Paul Batibonak, ministre plénipotentiaire de classe exceptionnelle, coordinateur du Centre d'études diplomatiques, internationales et stratégiques (Crédis).

Une frange de la diaspora camerounaise s'est illustrée ces derniers jours par des actes irresponsables vis-à-vis des institutions républicaines du Cameroun. Ce qui a exacerbé le discours de haine et de provocation. Quel décryptage faites-vous de ces agissements ?
Je voudrais relever d’emblée que je comprends et apprécie votre posture républicaine qui vous amène à qualifier d’irresponsables les actes d’une certaine diaspora camerounaise vis-à-vis de nos institutions. Il est inadmissible d’entamer autant l’image de marque du pays qu’on prétend chérir. Ces actes ont d’ailleurs été unanimement condamnés par le peuple camerounais. Cette dérive devrait être rattrapée très rapidement. Néanmoins, il ne serait tout de même pas inintéressant de garder à l’esprit que la posture victimaire et revendicatrice de cette même diaspora s’inscrit dans une logique de contestation politique. Les auteurs de ces actes croient ainsi mobiliser un levier médiatique pour exister politiquement, faire entendre leur cause et éventuellement s’attirer quelques faveurs à travers ces manifestations bruyantes prétendument pacifiques. Sur un autre plan, le discours de haine n’a été véritablement pris en compte pénalement que très récemment à travers l’article 241.1 de la loi 2019/020 du 24 décembre 2019 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n°2016/007 du 12 juillet 2016 portant Code pénal. Le caractère récent de cette répression pénale rend compte d’une certaine tension sociale qu’il importe de maîtriser. Autrement dit, les mêmes comportements observés chez les Camerounais de la diaspora sont présents mais larvés à l’intérieur du pays. C’est un effet miroir à ne pas sous-estimer.    
Vous avez séjourné au sein de cette diaspora, peut-on craindre que le rôle attendu d'elle dans le domaine du développement et de la promotion des libertés publiques soit dévoyé?
Je crois qu’il faut faire une sorte d’analyse catégorielle. En réalité, notre diaspora est composée de plusieurs catégories de Camerounais. Tous n’ont pas le même rapport au bercail et aux institutions. Globalement, on identifie trois groupes de Camerounais dans notre diaspora. D’abord la frange minoritaire mais qui se distingue par son activisme contestataire et ne cesse de fonctionnariser les ressentiments et les colères ; la catégorie politiquement neutre ou peu engagée, potentiellement influençable, pourtant majoritaire ; et la dernière qui est patriotiquement militante. Tous aiment le Cameroun, y compris ceux qui ont renoncé à la nationalité camerounaise. Il n’y a aucun doute que la dynamique engagée par le gouvernement à travers le ministère des Relations extérieures continuera de porter ses fruits au regard de la motivation au sein de cette diaspora qui ne cesse de prendre des initiatives citoyennes tant organisationnelles qu’entrepreneuriales. 
S’agissant des libertés publiques, je pense qu’un rappel au civisme et à la citoyenneté aidera à ramener les uns et les autres sur les enjeux de l’heure, en particulier l’émergence de notre pays, élevée par ailleurs par le chef de l&rsquo...

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