« Les changements climatiques, cause majeure »

Gildas Tiwang Ngueuleweu, agro-économiste

Les prix des produits alimentaires ne cessent de grimper sur le marché. Comment pourrait-on justifier cette situation ? 
Cette situation résulte de deux effets: l’offre s’est accrue mais pas assez pour combler la croissance de la demande de produits alimentaires qui est due à la croissance rapide de la population d’un côté, de l’augmentation du nombre de réfugiés (du Tchad, RCA, et Nigeria) et de déplacés internes du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et de Boko haram (qui sont par ailleurs de anciens agriculteurs qui contribuaient par le passée à améliorer cet offre alimentaire nationale). Il y a aussi l’augmentation de la disponibilité alimentaire presque totalement exogène, qui est un vecteur majeur de la pauvreté, de l’inégalité et de famine au sein de la population car elle requiert un pouvoir d’achat que l’économie n’a pas créé. Cette situation s’oppose à la possibilité de développer un tissu de production national qui nourrit toute la population rurale et urbaine, et en plus, génère les ressources pour les autres besoins de la famille. Du côté de la demande alimentaire, les modes alimentaires et les changements sociologiques ont totalement changés au profit d’une société camerounaise plus consommatrice par rapport à celle des années 1990 ou chaque famille avait une parcelle agricole, qui accompagnait les dépenses alimentaires du ménage. La demande alimentaire du ménage est aujourd’hui totalement dépendante du marché, qui est par nature fluctuant, et par conséquent sujette à la hausse des prix.

Cette flambée n’est-elle pas davantage du fait des commerçants véreux que des autres facteurs évoqués par l’INS ?
Bien sûr que les commerçants ont leur part de responsabilité dans cet état de faits mais quoi de plus normal. Le commerce consiste en l’achat et la vente d’article avec une majoration de valeur entre ces deux extrêmes et combien l’intermédiaire doit augmenter peut faire sujet de débat. Heureusement, la théorie économique, avec le Keynésianisme, a prévu l’intervention de l’Etat comme solution pour adresser ce comportement imprévisible des commençants. Donc, les commerçants ne peuvent pas être servis sur un plateau comme bouc émissaire de cette situation. La contribution du changement climatique peut par contre être considérée comme une cause majeure de cette flambée des prix. En effet, le calendrier agricole, qui est une boussole qui guide des acteurs du monde agricole, est totalement perturbé par les changements climatiques. Il ne suffit pas d’apprécier le changement climatique à la lumière des inondations dans nos villes, mais pousser l’investigation plus loin pour comprendre que ces changements troublent totalement et de façon négative le cycle de développement, de croissance et de reproduction des animaux et végétaux, qui nous servent de nourriture, ce qui résulte en des productions faibles et de mauvaise qualité. Par conséquent, l’impact des changements climatiques sur la flambée des prix des produits est sérieux et multidimensionnelle.

Le ministre du Commerce vient d’adresser une correspondance à la directrice générale de l’Organisation mondiale du Commerce pour une nécessaire intervention par rapport à la hausse des prix des produits alimentaires. Comment appréciez-vous cette démarche ?
Bien sûr que l’OMC peut aider de façon très significative et d’ailleurs l’économie internati...

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