Interview: « Personne ne gagne dans la situation actuelle »

Midjiyawa Bakari, gouverneur de la région de l’Extrême-Nord

Monsieur le gouverneur, quelle est la situation générale dans l’Extrême-Nord ?

La situation sécuritaire de l’Extrême-Nord est en ce moment sous contrôle. Mais c’est également vrai que le département du Logone-et-Chari a été depuis trois jours, le théâtre d’affrontements entre agriculteurs et éleveurs. La hiérarchie a été immédiatement saisie, des renforts, en ce qui concerne les forces de défense et de sécurité, ont été déployés. On a connu quelques exactions ici et là. Nous avons constaté des actes de pillage et de vol. Certains ont simplement voulu tirer profit de la situation.

Sur instruction du président de la République, nous avons été à Logone-Birni, où nous avons tenu trois réunions distinctes, avec les populations, les chefs traditionnels et les leaders religieux, et enfin avec l’état-major du préfet. Le fil conducteur était de ramener les uns et les autres à de meilleurs sentiments. Le Cameroun reste un havre de paix, un pays d’hospitalité. Il n’est donc pas normal qu’à la veille de l’importante compétition que nous allons abriter, la région présente un visage aussi négatif. Il y a des pays voisins, le Tchad, la Mauritanie, le Nigeria, le Soudan… qui passeront par l’Extrême-Nord pour assister à la compétition.

C’est quand même le deuxième incident du genre en cinq mois. C’est quoi le fond du problème?

Le problème ici est lié à la conquête de l’espace. On assiste à la ruée vers les terres disponibles avec la croissance démographique qui est évidente. Ainsi, les espaces cultivables, d’élevage et de pêche sont réduits. Lorsqu’en plus, vous avez des personnes qui viennent des pays voisins pour faire paître leurs troupeaux dans ces zones, notamment en contrebas du fleuve Logone qui dispose d’herbe fraîche et d’eau pour l’agriculture pendant la saison sèche, vous avez une raison pour que ces zones soient abondamment sollicitées. Il y a six mois, le conflit est parti d’un pêcheur. Cette fois, c’est une dispute entre un agriculteur et un éleveur. Chacun veut protéger la zone qu’il estime être favorable à son activité. Mais cela ne doit pas conduire à ce type de tensions.

Qu’est-ce qui est fait pour y mettre un terme ?

En ce moment, la réflexion est en cours. Il s’agit de trouver des solutions qui peuvent, non seulement permettre à chaque communauté de bien mener ses activités sans interférence dans le domaine de l’autre, mais également trouver des issues globales aux problèmes auxquels nous sommes confrontés ici. C’est pourquoi le ...

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