Eviter la tentation protectionniste

Retour sur le discours du chef de l’Etat au corps diplomatique.

Le protectionnisme est-il une solution réaliste et efficace à la crise et aux dérives de la mondialisation galopante ? Voilà une problématique dont on n’a pas fini de faire l’économie, tant l’unanimité tarde à se dégager. En fonction des différentes écoles de pensée, des convictions idéologiques ou des orientations stratégiques, les points de vue divergent sur la question. Les adeptes du libre-échange soutiennent mordicus que l’ouverture des marchés et l’accroissement des échanges sans limites constituent le moteur de la croissance et de la prospérité des nations. D’autres théoriciens estiment en revanche qu’il faut protéger certaines  filières de l’économie nationale pour les préserver de la concurrence des produits et services importés. En réponse aux vœux du corps diplomatique, le chef de l’Etat a exposé sa vision sur un   sujet dont l’évocation intervient dans un contexte international marqué par des nombreux dysfonctionnements qui amplifient une crise économique désormais globalisée.
Paul Biya attribue cette situation déplorable à « la dérégulation incontrôlée du système économique et financier mondial ». Du ralentissement de la croissance au niveau mondial à la chute drastique des cours des matières premières, en passant par l’accroissement du chômage et de l’endettement, les effets néfastes sont partout visibles. Avec pour principale conséquence la baisse des recettes d’exportation des pays producteurs de pétrole et d’autres matières premières. Les économies africaines  n’échappent pas à la morosité ambiante. La  marge semble étroite, mais plusieurs solutions sont envisageables pour faire face au marasme.  Le plus facile aurait consisté, par exemple, à se barricader, à s’enfermer dans un espace économique restreint, à l’abri de la moindre dépendance, dans une posture de forteresse assiégée. Pour des pays dont l’industrie se trouve encore à un stade embryonnaire et qui sont exposés de surcroît à la rareté des devises, la tentation protectionniste est grande et a même été expérimentée sous d’autres cieux.  Des pays émergents, à l’instar de la Chine, du Brésil, de la Turquie et de la Corée du Sud se sont industrialisés à l’abri d’un protectionnisme intelligent, mais cette voie ne constitue pas la panacée. Plus pragmatique qu’idéologique, l’approche choisie par le Cameroun semble se traduit par plusieurs orientations stratégiques. D’abord la poursuite des réformes au plan interne, notamment avec l’adoption de mesures incitatives pour l’investissement, dont l’amélioration du climat des affaires qui reste en-deçà des attentes. Ensuite, le maintien des négociations avec les principaux parte...

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