« Profiter de la CAN pour manifester est suspect »

Pr. Manassé Aboya Endong, directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (Grepda).


Quelle peut être la portée des marches dites patriotiques pour la paix en général, organisées par certains partis politiques et nombre d’associations de la société civile, à la veille des évènements d’envergure internationale comme la CAN qui débute dans quelques jours ?
 La Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en tant qu’évènement sportif majeur sur le continent, et première grande compétition d’envergure internationale en ce début d’année 2022, est une opération de marketing pour le Cameroun. Il s’agit pour les pouvoirs publics de présenter une image autre que celle que certains contempteurs ont jusqu’ici affichée pour déconstruire la réputation d’un pays connu pour son riche patrimoine culturel, son génie propre et surtout son attachement aux valeurs de paix et prospérité. Conscients de cette plus-value politique qui contribuera incontestablement au rayonnement de ce pays reconnu pour son hospitalité légendaire, des entrepreneurs politiques en intelligence avec une société civile opportuniste, projettent de s’illustrer à travers des marches dites patriotiques pour continuer leur campagne de propagande contre les institutions de l’Etat. En réalité, un tel agenda est manifestement antipatriotique. Sous prétexte d’organiser des marches dites patriotiques pour la paix, on est en présence de la surenchère politique. Car il est question de poursuivre une campagne de désinformation opportuniste afin de ternir davantage l’image de marque du Cameroun à la faveur de la CAN. Cet opportunisme pervers doit être dénoncé pour éviter que des spéculateurs politiques profitent de la CAN pour se donner en spectacle. 

Comment expliquez-vous le fait que certaines de ces marches, au départ pacifiques, connaissent souvent une autre issue, parce que déviées de leur objet ?     
Le chemin de l’enfer est pavé de bonnes intentions. L’initiative d’une marche pacifique peut cacher une volonté de poursuivre la défiance politique et de politiser l’incivisme. L’agenda en lui-même trahit des desseins inavoués. En effet, profiter de la tenue de la CAN pour manifester son patriotisme est suspect, dans la mesure où le vrai patriotisme n’a pas besoin de prétexte pour se manifester, s’illustrer ou se donner à voir. Le vrai patriotisme ne se présume pas, il se constate et se vit. Cette conception intermittente, opportuniste, saisonnière et sporadique du sentiment patriotique trahit une incohérence politique, une instabilité émotionnelle et une discontinuité de la rationalité militante. C’est la personnalité politique de ces entrepreneurs qui est sujette à caution, quand on sait que certains parmi eux, ont tenu des discours défavorables à l’organisation de la CAN au Cameroun. Par conséquent, l’incohérence de leur engagement patriotique amène à suspecter leurs bonnes intentions. Mieux, ce patriotisme ponctuel et soudain qu’on veut manifester à tout prix par des marches improvisées dans l’effervescence de la CAN est, à bien des égards suspecte. La vigilance s’impose donc, d’autant plus que l’histoire contemporaine du Cameroun renseigne sur ces manœuvres de pro...

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