Discours haineux : un mal, des mots

Souvent utilisées de façon préméditée, certaines expressions mettent facilement le feu aux poudres, et sont prêtes à ruiner les efforts d’une cohabitation pacifique, parce stigmatisantes et exclusives.

« Bamenda ou encore anglo », pour désigner l’originaire des régions du Sud-Ouest et du Nord-Ouest. « Gadamayo », expression courue en langue fulfuldé, permet de désigner celui qui a traversé le Mayo (fleuve ou rivière), c’est-à-dire l’étranger. « Centre-sudiste » pour caractériser le ressortissant des régions du Centre et du Sud, appartenant au groupe Fang-Beti. « Wadjo » quand on veut parler du compatriote originaire du Septentrion. A une époque de l’histoire du pays, ce langage n’était teint d’aucune intention malveillante, allant dans le sens de la discrimination ou de l’exclusion. Au contraire, ceux qui s’en servaient étaient mus par l’intention de démontrer leur culture anthropologique. Ils étaient animés par le souci de rattacher leur interlocuteur à son bassin culturel originel. 
A côté de ces expressions auxquelles les Camerounais s’étaient plus ou moins familiarisés et qui n’émargeaient dans aucun registre ségrégationniste, d’autres, plus virulentes encore, ont vu le jour au sein de la diaspora et dans les réseaux sociaux, pendant la campagne électorale pour la présidentielle de 2018 : « Tontinards », désignant les électeurs ayant accordé leur sympathie aux candidats de l’opposition lors de cette élection, et « Sardinards », ceux acquis à la cause du candidat Paul Biya, actuel président de la République. Cette période électorale représentera le point culminant de la flambée des discours à caractère discriminatoire, tant chez certains hommes politiques que chez leurs partisans, ainsi qu’au sein de certains médias. 
Ces expressions ont fini par faire leu...

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